[avatar user=”israeltavor” size=”thumbnail” align=”left”]Israel Tavor[/avatar]

Près de quatre ans après être arrivé en Israël, j’ai parfois encore l’impression d’être un élève, un simple étudiant, en train d’apprendre. A l’approche de Yom Haatzmaout, alors que nous allons fêter l’indépendance de l’Etat d’Israël, et donc la liberté politique du peuple juif, chaque juif, individuellement, réfléchit à la manière dont il est devenu aussi plus indépendant, plus libre. Ce sont ces étapes vers cette liberté que nous apprenons Je sais que je n’aurais jamais fini ma « scolarité », mais voilà ce qu’Israël m’a enseigné ces dernières années:

 
1) On peut aimer son pays et mettre un drapeau à sa fenêtre sans être forcément un nationaliste d’extrême droite. Ça peut paraître évident une fois que l’on est en Israël, mais il semble que l’on ait compris que le meilleur moyen de se battre contre l’extrémisme soit aussi de ne pas laisser les symboles du pays aux franges les plus radicales…

 

2) Ne pas rester indifférent aux autres. Même si les Israéliens les plus anciens semblent regretter une solidarité plus faible qu’avant, s’ils savaient ce qu’il en est ailleurs… Il y a deux jours, dans le bus, je toussais un peu, ma voisine de devant me propose sa bouteille d’eau, il y a un an, alors que j’étais dans le bus, ma fille a eu mal au coeur et a vomi, tout le bus s’est inquiété pour ma fille et chacun proposait son aide. Je discutais une autre fois avec un Israélien qui me racontait comment lors de la guerre en 2006 contre le Hezbollah, il avait accueilli chez lui une famille du Nord du pays qu’il ne connaissait pas du tout, il n’avait pas été le seul à le faire. Je pourrais vous donner des centaines d’exemples. Lorsque l’on arrive de France, le contraste est saisissant.

 

3) On peut discuter avec son voisin à la station de bus sans paraître se mêler de ce qui ne nous regarde pas. Oui, les gens parlent. Je sais, ça peut paraître incroyable, mais les Israéliens engagent la discussion, comme ça, pour rien. Et parfois non. Ne pas être enfermé juste sur soi, dans sa petite bulle et ne pas considérer que chaque personne qui vous adresse la parole cherche à vous agresser.

 

4) La première des valeurs: les enfants. On prend conscience que chaque pays possède une sorte de valeurs fortes, quasi-mythique (quand elle n’est pas réelle). Avec du recul, ce qui fait la France, c’est sa culture, aux U.S.A. c’est réussir sa carrière et gagner de l’argent… en Israël, ce sont les enfants. On parle même de “Yaldout Israelit” (enfance israélienne), comme un exemple d’enfance heureuse. L’enfant est le coeur des valeurs familiales et du pays en général. Parfois jusqu’à l’enfant roi (ce qui choque les parents français), mais il ne faut pas oublier que la plupart d’entre-eux, à peine sortis de l’enfance passeront quelques années sous les drapeaux.

 

5) Le meilleur est à venir et le pire derrière soi. Alors qu’en Europe, le sentiment général est que le meilleur appartient au passé, le sentiment est totalement inverse en Israël. Une sorte d’optimisme et d’énergie qui vivifie dès l’arrivée en Israël et donne cette étrange impression que, tant qu’à faire, autant profiter au mieux de la vie. Le pire derrière et le meilleur devant… sans doute normal de considérer que le pire est passé quand en un siècle un peuple a subit la Shoah, l’expulsion et les tentatives d’éradication les plus diverses.

 

6) Se battre. Je ne sais pas si c’est l’atmosphère générale du fait de notre position géographique ou l’absence d’état providence, mais on apprend rapidement qu’il faut se battre pour faire sa place… surtout si l’on est un nouveau migrant. Mais se battre peut avoir des conséquences intéressantes, car Israël est un petit pays, ce qui fait que si l’on se bouge, on peut faire une vraie différence. Si Israël est un petit pays, c’est aussi un pays que le monde entier scrute, et donc la différence que vous pouvez faire ici, a bien plus de chance de se voir que partout ailleurs dans le monde.

 
 
 
J’ai encore tant de choses à apprendre, sur moi avant tout. C’est le contact avec ce nouvel environnement qui nous révèle, tout d’abord à soi-même et bien sûr aux autres.
Et vous, quelles sont les leçons qu’Israël vous a apprises?

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