Arriver à Jérusalem, c’est comme entrer dans le bureau de ton boss ou le directeur de l’école de ton fils, tu sais que tu dois te tenir à carreaux. Ton avenir en dépend. T’es pas n’importe où. Si être en vacances se résume à buller en tong en jurant, un cigare à la main, tu vas avoir du taff. Nous on est sympa, on te file deux, trois trucs pour ne pas passer pour le dernier des impis. Ici, il est nécessaire de soigner son langage, sa tenue, comme dit Napoléon, des siècles d’histoire te contemplent alors arrête de te curer le nez, tiens-toi droit et suit bien nos consignes. Sache que…

 

IL EST DECONSEILLE DE …

 

  •  T’accouder contre les panneaux informatifs de Mea Shearim : écrits en hébreu ou en yiddish, ces longs textes austères et sans photos permettent aux autochtones de s’informer. Ici pas de radio, pas de télévision et point d’Internet. Utiliser ces panneaux pour prendre le frais fera le même effet que de te planter devant la télé de mémé Monique pendant “Les feux de l’amour”. Mea Shearim est le plus ancien et le moins ouvert des quartiers de la ville. Si tu es fâché avec ton ou ta chérie, ça tombe bien, dans les rues de Mea Shearim, les échanges garçons-filles sont aussi fréquents que les succès électoraux de la gauche depuis la mort de Rabin.

 

  •  Venir comme tu es au Mur : Il y a des physios à l’entrée du Kotel oui un peu comme en  boites de nuit. Le dress code tacite est surtout valable pour les filles. Ici c’est tout le contraire de la pub Mac Do. Tu ne peux pas venir comme tu es, c’est-à-dire en tong, short et débardeur. Si tu la tentes, tu devras t’affubler d’une robe et d’un fichu  dans le vestiaire des gardes, histoire de te rendre présentable devant le dernier mur debout du Beth Hamikdach. Pour info la robe n’a pas été lavée depuis 1997 et vu le nombre de personne qui ont enfilé les foulards, t’es bonne pour la lotion anti-poux.

 

  • Demander aux autochtones de te prendre en photo avec ton smartphone : les Yeroushalmitains (habitants de la ville) et la plupart des touristes ont conscience du caractère saint de  ce lieu unique, le plus visité de tout Israël. Ok pour que tu te fasses prendre en photo mais pas sur que celui qui daigne appuyer sur le bouton de ton appareil tolère te voir te trémousser de joie, brandir les deux bras façon Usain Bolt ou pire faire le smile Duck , l’index et le majeur en forme de V renversé. Quant au salut quenelle de Dieudonné, je n’en parle même pas…

 

IL EST CONSEILLE …

 

  • D’acheter des articles religieux : Tanakh, Houmach, Talith, verre à kiddouch, couvre-pain, puzzle de Baba Salé, maquette du Temple, porte-clé – sidour et Kéli Ovadia Yossef et j’en passe. Jérusalem est aux religieux ce que Disney Land est à tes gosses, une immense aire de jeux. Le lieu n’est pas réputé pour pratiquer les prix beaucoup plus bas mais tu peux marchander. Si c’est ton kiff de discuter 3 heures pour au final economiser 3 euros 50, tu seras au paradis

 

  • De mettre la main à la poche : l’esplanade du Kotel c’est un peu, en termes de mendiants au m², comme les stations Charles-de-Gaulle et Champs-Elysées-Clémenceau. Bon là, ce ne sont pas des Roms mais des juifs. Certaines femmes dans le besoin n’hésitent pas à te faire directement les poches pour éviter de te déranger pendant ta prière. Si tu refuses de lâcher quelques billets, elles égrèneront les noms de leurs nombreux enfants. si ca ne t’émeut pas, y a de grandes chances pour qu’elle te les présente un par un.

 

  • De ne pas polémiquer : Surtout si tu penses que le Shass n’est entré en politique que pour défendre les allocations des familles nombreuses. A ce propos, on ne dit pas « Les mecs dans les Yeshivots se planquent pour aller à l’armée », on dit « Les mecs dans les Yechivots défendent l’état d’Israël en priant et en étudiant la Thora ». Repeat After me. On évite si on est une femme d’investir le coin des hommes en s’enroulant les téfilins façon ceinture, sur le mode « moi aussi je peux le faire ». Si les femens foutent le souk partout sauf ici, c’est qu’il y a une raison.

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