Vous aurez sans doute remarqué que si vous passez quelques jours à Tel Aviv ou Jerusalem, vous n’aurez aucune difficulté à survivre (ou même carrément vivre) si vous ne parlez qu’anglais… et parfois même le français.

Mais vous voilà parti en voiture pour découvrir le pays… et, pas de bol, vous tombez en panne entre Beer Sheva et nulle part. Vous sortez de votre voiture, re-pas de bol, ici, personne ne parle autre chose que l’hébreu. Un peu comme si vous arriviez dans un village du centre de la France… ou du Middle-West américain.

Manger, se reproduire, comprendre ce que l’on nous raconte, vivre tout simplement… Comment faire en environnement hostile???

Pas de panique car voici:

 LE KIT DE SECOURS CONVERSATIONNEL:

 – A l’approche de l’autochtone, votre premier soucis sera de rentrer en communication avec lui. « Shalom? » Non… oubliez le « Shalom ». Si vous voulez faire un peu plus local, il faudra passer au niveau supérieur. “Alaan” conviendra sans doute mieux… il correspond à notre « salut ». En réalité, Alaan ne vient pas du tout de l’hébreu, mais de l’arabe… et après certains diront que les Israéliens ne se sont pas adaptés à leur environnement moyen-oriental… Vous voilà donc prévenu, si on vous dit « alaan », inutile de répondre « Enchanté Alan, moi c’est Jean-Pierre » … surtout si vous ne vous appelez pas Jean-Pierre. Le matin, n’hésitez pas à dire « Boker Tov » plutôt que Shalom, et en quittant votre interlocuteur, un petit « Yom Tov » (bonne journée) passera très bien. Le Shalom, « This is soooo Oulpan »…. En soirée? Tout simplement « erev tov »… et pour la nuit, avant de se coucher « layla tov »

On résume: Shalom, on le garde en option, sinon Alaan, Boker tov le matin, Erev tov le soir, Layla tov, la nuit.

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 – Vous avez faim? Tel le chasseur-cueilleur dans la jungle, votre environnement israélien recèle de nombreuses sources de nourritures que vos talents de prédateur vous permettront de dénicher: le houmous, le shawarma…et la pizza. Dans votre progression de la connaissance de la langue hébraïque, avant de savoir dire le « Shema Israel » par coeur, le décryptage d’un menu vous sera bien plus utile que celui d’une parasha le jour de votre bar mitsva. Deux expressions clés sont à retenir: Ani Rotseh et Efshar?

Ani Rotseh = Je veux.

Efshar= Possible

ex. Ani rotseh pizza… Je veux une Pizza

Efshar Pizza? … Je peux avoir une Pizza?

Forcément, en français, le « ani rotseh »  fait un peu « donneur d’ordre », mais voilà l’un des points fondamental de l’hébreu pour les français: les petites décorations linguistiques et expressions de politesse qui parsèment le français sont inexistantes en hébreu.

Nous traduirons ainsi:

« Est ce que je pourrais avoir une pizza s’il vous plait? merci. » par « Ani rotseh pizza ». Treize mots en français, trois mots en hébreu.

En mode survie ne cherchez pas à rajouter des anchois, des tomates séchés ou des artichauts sur votre pizza… contentez-vous de ce qui arrive dans votre assiette.

Vous aurez compris que pour le houmous ou la pita fallafel et autre shawarma, ça sera exactement la même chose. Donc si vous vous retrouvez avec un sandwich remplis de harissa, faites comme si de rien n’était… ou alors au moment où l’on vous prépare sous vos yeux votre pita, précisez « bli ‘harif », ce qui permettra de protéger votre système digestif de l’ingestion de substances pimentées.

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 – Alors qu’après avoir salué vos hôtes et vous êtes repus, vous souhaitez interroger votre interlocuteur mais il vous arrête d’un geste, le bout des cinq doigts joints vers le haut, en vous disant « Rega! Rega! » avec une certaine exaspération.

Qu’est ce que vous avez fait de mal? Pourquoi ce sympathique indigène qui était si gentil avec vous devient-il subitement aussi agressif?

Soyez rassurés, ce geste qui en France serait, en effet, pris comme une agression (que l’on est tendre et susceptible quand on arrive de France…) ne l’est aucunement en Israël. Il s’agit d’un geste tout à fait normal, qui correspond très exactement au français « Je vous prie d’attendre une petite minute. » Ne vous laissez pas impressionner par l’exaspération apparente de l’Israélien, il n’en est rien… ça fait partie des charmes de cette gestuelle qui ne serait pas totalement compris s’il n’était pas accompagné par ce ton. Vous pourrez maintenant aussi vous amuser à faire ce geste, avec la même impression d’impatience… si si, essayez, c’est très amusant… et en plus ça montrera à quel point vous êtes intégrés dans la tribu.

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Vous êtes donc rentrés en communication, vous avez réussi à vous nourrir et à évitez les malentendus avec la population locale… Vous êtes prêts pour aller donc plus loin et passez de la situation de « secours » à celui de « vie ».

En progressant en hébreu, vous devez pouvoir évaluer vous même votre niveau que l’on peut répartir ainsi:

– Niveau 1 ou « Je peux expliquer au gens qu’il va falloir continuer en anglais ou en français »

– Niveau 2 ou «  Je peux commander une pizza… enfin, juste une margarita »

– Niveau 3 ou «  Cette fois-ci avec supplément champignon »

– Niveau 4 ou «  Je comprends qui se déteste dans HaA’h Hagadol (Big brother israélien) »

– Niveau 5 ou «  Je comprends qui nous déteste au journal télévisé israélien »

– Niveau 6 ou «  Quand je suis en France et que je vais à la boulangerie, je demande mon pain en hébreu. »

– Niveau 7 ou «  J’ai réussi à comprendre cette connasse du Bituah Leumi (assurance sociale israélienne) qui m’explique que mon indemnisation va attendre encore »

– Niveau 8 ou « J’ai réussi à expliquer à cette connasse du Bituah Leumi que je ne peux pas attendre plus longtemps »

– Niveau 9 ou « Les insultes en hébreu sortent toutes seules quand je suis au volant »

– “רמת 10 או “אני כותב בעברית, גם את זה

 

A bientôt et bon courage!

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