Nous avons décidé de nous attarder sur ce qui ressemble de loin beaucoup plus à une légende urbaine qu’à une réalité : « les communautés oubliées d’Israël »: zoom, clin d’œil sur des communautés parsemées et disséminées aux 4 coins de la planète, mais se réclamant à chaque fois du judaïsme ou des descendants des tribus d’Israël. Certaines de ces communautés ont été reconnues par Israël, d’autres se battent pour que ce soit le cas, afin le plus souvent de pouvoir bénéficier de la « Loi du Retour », et fuir leur pays dans lequel ils sont souvent persécutés.

 

La seule représentation que j’avais jusqu’à présent du judaïsme dans l’Empire du Milieu est la scène du Kiddouch dans la Vérité si je Mens 3. Alors oui bien sûr, envisager qu’une communauté et une vie juive aient pu survivre pendant 1000 ans au pays de Mulan et de Mao Tsé-toung ne m’était jamais venu à l’esprit et pourtant…

Et pourtant il y eut au XIème siècle de notre ère un groupe de commerçants, venu de la Terre d’Israël qui s’est s’installé à Kaifeng, carrefour clé de ce qui est alors la Route de la Soie. Forcément tout de suite cela peut étonner, surtout quand on se rend compte que leur synagogue ressemblait à une version miniature de la Cité Interdite. J’écris bien « ressemblait» au passé parce qu’il ne reste hélas plus rien de cette synagogue détruite en 1860.

On ne peut qu’imaginer la difficulté à maintenir ses traditions en étant coupé du restant du monde juif, tout en vivant dans un pays à l’histoire trouble. Ce fut malheureusement ce qu’il se passa pour cette communauté millénaire qui s’est assimilée. Aujourd’hui il est impossible de distinguer un chinois juif d’un chinois, on a presque envie de dire, normal.

 

Sauf que, et c’est bien connu, on ne tue pas si facilement l’âme juive. Ainsi en 1981, Qu Yan, une habitante de Kaifeng, découvrait son ascendance juive après avoir assisté à une conférence sur les minorités, quand il devint évident que ce n’était pas un hasard si sa famille ne mangeait ni porc, ni fruits de mer, et que son grand-père portait une espèce de calotte bleue sur la tête, tout en racontant qu’un jour « Ils retourneraient sur la terre de leurs ancêtres ».

 

Après être entré en contact avec des touristes juifs, les juifs de Kaifeng ont renoué avec le judaïsme « mainstream », et d’ailleurs, en 2009, après s’être converti, un premier groupe de descendants de la communauté a fait l’alyah.

 

Je ne sais pas pour vous chers lecteurs, mais l’histoire des juifs de Kaifeng me fait remettre en question beaucoup de choses. Comment ne pas s’émouvoir devant ces quelques centaines de personnes – ils sont 500 tout au plus –, qui en dépit des Seigneurs de Guerre, des différents Empereurs, et de la Révolution Culturelle, ont conservé les traditions de leurs ancêtres – ils sont appelés ceux qui ne mangent pas de nerfs par leurs concitoyens ?

Peut-être bien que ces juifs perdus dans l’immensité trouble de l’Asie nous ramènent un peu plus à ce qui peut nous sembler une évidence : L’Dor va’Dor. De génération en génération, ils perpétuèrent leurs traditions.

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