[avatar user=”Levanah” size=”thumbnail” align=”left” link=”https://rootsisrael.com/auteur/levanah/” target=”_blank”]LEVANAH[/avatar]

La dernière fois, j’essayais de vous faire rire. Le sourire était sur mes lèvres en écrivant : ” Ce que je veux, c’est être juive. Qu’on me traite de sale juive dans les rues de Paris, comme les autres.

Aujourd’hui il a disparu, comme à chaque fois que je revois quelqu’un dont j’ai croisé la route durant ma conversion.

Il y a un avant… un pendant… et un après… conversion.
Avant, tu te cherches, il n’y a que toi et ton apprentissage ;
Pendant, tu donnes les clés de ta maison à ces inconnus, et tu pries pour qu’ils ne te cambriolent pas ;
Puis après…après…tu fuis.

La conversion bouleverse une partie de ta vie.

Ca peut paraître ridicule. Et pourtant…

Se convertir, c’est accepter de se faire piétiner l’intérieur, en public.
C’est apprendre à gérer ta vie en collaboration avec des rabbins et une partie de la communauté qui se mêle non seulement de tout, mais qui à elle seule peut juger de ton mérite.

Car oui, tout le monde a un avis sur ton mérite.

Il y a… ces personnes qui ne cherchent pas spécialement à te connaître, mais qui pensent que vu le peu de « B’H’’ » que tu utilises par minute, et ta jupe qui ne couvre que partiellement les genoux, tu as forcément un petit ami caché dans ton placard… Ni vu, ni connu. 

Il y a… ces rabbins qui tiennent ta vie entre leurs mains et qui te donnent des rendez vous, les annulent le jour J, les repoussent trois mois après, car ce qui est pour toi le rendez vous de ta vie, n’est qu’une plage horaire dans leurs agendas. Sans parler de ceux qui te rappellent que ta judéité tiens à un bout de papier, et un papier ça se jette.

Il y a… ces juives célibataires, qui sont un peu dégoutées de te voir mariée avant elles et qui pensent que forcément si elles ne se trouvent pas de mecs, alors toi convertie comment tu as fait ? « Non, pas possible, elle l’avait avant ! » (Chéri retourne dans le placard !).

Pire… Il y a… ces mères qui pensent que tu n’es qu’une voleuse d’hommes, « Quoi encore une nouvelle convertie à la synagogue ?? Une de plus qui va faire de l’ombre à ma Tsiporah ! ». Car oui. Même si dans leur esprit, tout est providence divine, et D… règne en maître absolu… Lorsqu’il s’agit de conversion, il n’y a plus personne ! Parce qu’on le sait tous, D… s’occupe de tout sauf des conversions, même lui Il ne voulait rien avoir à faire là dedans, il s’est dit je vais refiler ca aux rabbinous, qu’ils se débrouillent ! Non mais sérieux, c’est pas très consistant tout ça.

Il y a… ceux qui jugent ton judaïsme au hatan que tu as choisi. Car ne mélangeons pas les torchons et les serviettes… il y a le juif pratiquant, le juif moins pratiquant et le pas du tout pratiquant –t’es sûr qu’on peut dire qu’il est juif  celui-là ? 

Il y a… toutes ces personnes qui ne t’accepteront que si tu prouves que tu es « mieux qu’un juif ». Le « mieux qu’un juif » doit respecter à la lettre les 613 commandements et ne jamais discuter la loi. Le « mieux qu’un juif » doit être un ultra-orthodoxe (sans les travers de l’ultra orthodoxie attention). Parce qu’un mauvais juif de plus, on n’en veut pas !

Se convertir c’est offrir sa vie, parfois pour un temps, parfois tout le temps.

Après la conversion on a surtout envie de prendre le large. Mais attention aux mauvaises langues ma fille…

– « Apparemment personne ne l’a vu à la synagogue depuis 3 mois »

– «  Ces converties…dès qu’elles ont le diplôme, elles disparaissent »

(Maurice je crois que tu as oublié qu’il y a plus d’une synagogue dans la ville… Pchhh pas grave Maurice, je t’aime quand même).    

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