«Israël sera un pays normal lorsqu’il aura ses voleurs et ses prostituées» – Ben Gourion … Ça y’est David, que ce soit pour les batteries de vélos ou les bordels, on y est.

Dans une moindre mesure, un pays normal possède aussi ses clubs de strip-tease.
La ville qui ne dort jamais possède une institution en la matière, le Pussycat, où on y miaule depuis déjà 12 ans.

Bien sur, je m’attends à une intifada, surtout auprès de la gente féministe, mais ne jetez pas vos pierres trop vite, entre magie et déchéance, les lieux les plus sordides ont toujours attiré les esprits les plus romantiques.

Un soir de spleen, j’ai décidé de me changer les idées en découvrant quelque chose de nouveau, de plus provoc’, de plus vivant.

 

Je tape sur la toile  » Tel Aviv night life », en vain. « Okay Google, emmène moi dans un lieu sordide ».
Il me répond « Réga. » et finit par me proposer le « Pussycat ». Pussy what ?  » Le club de striptease le plus apprécié de Tel Aviv par les touristes, situé prés des hôtels en bord de mer  »

Je ne me pose aucune question. Du type : Suis-je trop jeune, trop naïve ou une fille y a t-elle vraiment sa place coté gradin ?

Depuis que j’ai vu le film « Striptease » d’Andrew Bergmann avec la charmante et ravageuse Demi Moore, j’ai toujours eu envie de m’y rendre.
Voir de belles filles danser en se frottant à la barre comme des éponges me sortirait évidemment de ma zone de confort, moi qui utilise l’éponge pour nettoyer l’évier avant que mon père ne rentre à la maison. Il n’imagine pas que ce soir sa fille se frottera à un autre genre de vaisselle.

Question tenue, je sors une robe noire sexy et tente de ne pas dépasser la barre de la « décadanse » pour ne pas devoir la danser moi même.
Mais lorsque j’indique l’adresse à mon taxi, il n’en pense pas moins.

De l’extérieur, le lieu ressemble a une boite de nuit banale avec à l’entrée un gros ours brun en hibernation sur sa chaise. Quand il se réveille, c’est pour refuser l’entrée à une clientèle soumise à son jugement. À mon tour d’affronter son regard animal. Boucle D’or ne l’impressionne pas une seconde, c’est seulement grâce à l’arrivée d’Amit, le directeur de l’établissement, que Balourd devient Petit Ours Brun. Je trouve grâce à ses yeux et pénètre enfin cet univers décadent.

pussycat

Me voici en enfer. Une lumière chaude m’aveugle, la musique m’assourdie, les filles troublent ma vue, tous mes sens sont en ébullition.
Ces fleurs du mal ne sont pas toutes des roses mais j’imagine que chacun y trouve son compte.

Sans la magie du cinéma, ce « Striptease » là est quand même moins glamour. Boucle D’Or n’est pas très à l’aise dans cette maison là et elle préfère l’Arak au gruau.

Le spectacle commence. Les danseuses déguisées rentrent en scène. Marie-Antoinette rend visite au peuple qui effectivement a très faim. Ils ne veulent pas de pain, ils veulent ses brioches.

De l’étage, mon regard se perd dans cette orgie entre tableau romantique et Picasso érotique.

Parlons de la clientèle.  La plupart laisse à désirer. Des jeunes gênés par ma présence et des vieux habitués qui n’ont plus honte de rien.

Je vois un jeune russe discuter avec une danseuse aux cheveux bleus. Je suis un peu loin pour entendre ce qu’ils disent mais je sens d’ici sa température interne  monter. « Le bleu est une couleur chaude ». Contrairement à ce jeune premier, la plupart des hommes sont ici pour toucher, lui semble être ici pour ressentir. Une timidité sur son visage me donne envie de lui prendre la main et de l’emmener dans des endroits plus adaptés, de lui dire qu’il n’a pas besoin de la barre pour faire ses premiers pas. Mais conseiller le droit chemin est une attitude dangereuse quand on est chez Lucifer, l’archange déchu privé de la lumière de Dieu.

« Show must go on ». Une voix s’élève et nous invite à profiter de la prochaine danseuse, « Maria ». Une reine de sabbat entre en scène, cheveux noires et bouclées, vêtue d’un vêtement si léger laissant entrevoir les formes de son corps de naïade. « Danse la Esmeralda danse ! ».

Toute la salle est scotchée, j’aperçois même le videur dans un coin, il a raison, il ne faut pas en perdre une miette. L’ours devient un loup, celui de Tex Avery.

Puis moment de décontraction et surtout, d’ironie. Un petit asiatique frotte à son tour les barres,  mais avec un chiffon. Il passe derrière Marie-Madeleine et rassuré, Amit-Pilate s’en lave les mains.

Je cherche les toilettes et me trompe de porte. Je découvre l’antichambre VIP où les stipteaseuses exécutent un autre type de danse.
Boucle D’Or reprend ses esprits et s’enfuit. Elle a vécu l’expérience qu’elle espérait et ne regrette rien, mais a bien failli se perdre dans le regard vide des Pussycat’s Dolls.

Retour sur terre, je prend du recul sur un endroit diabolique qui, en l’espace d’une soirée, m’a transportée dans un enfer spectaculaire et enchanteur.

 

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