Nouvellement arrivée en Israël, la plupart du temps je n’arrive pas à me projeter ici, mais quand j’y arrive, j’en viens à me demander ce que cela serait après 10 ans ici… et surtout je sais à peu près déjà ce que je n’ai pas envie de devenir

Voici un petit florilège… non exhaustif évidemment !

Moi, en Israël depuis 10 ans, je ne deviendrais pas :

–        Quelqu’un qui n’a un sens de la mode que peu développé voire inexistant

je veux bien m’intégrer mais il y a des limites, alors je vous le dis : NON aux Crocs avec des chaussettes (ou même sans d’ailleurs), NON aux chaussures qui ont l’air d’être des chaussures d’handicapés, NON aux coupes de cheveux des années 90, NON aux mélanges de couleurs versions carnaval…. Je ne suis pas ce qu’on appelle une fashonista, mais bon j’ai quand même passé 6 ans à Paris qui est considéré comme une des capitales de la mode, donc en souvenir de ça, et pour la bonne santé de mes yeux, il y a des choses qui ne passeront pas par moi ! Et puis ça voudrait dire que mon abonnement à ELLE ne m’a vraiment été d’aucune utilité

 

–        Quelqu’un qui ne sais pas faire une phrase en français sans y mettre un mot en hébreu

Oui c’est vrai que c’est attrayant de ponctuer ses phrases par « dafka », « tahless » ou autre « nakhon »… mais je ne peux pas croire qu’on ne puisse pas s’en passer. Non mais c’est vrai, on a quand même en tant que français, une des langues les plus riches et les plus nuancées du monde… donc je crois qu’on peut se passer de ça et je vous le dis haut et fort : le syndrome Jean Claude Vandamne ne passera pas par moi !

 

–        Quelqu’un qui serait resté bloqué l’année où il est parti de France en ce qui concerne la culture musicale

Oui je vous le dit, je me refuse à croire que quelque chose qui a 10 ans est ce qui ressemble de plus près à une nouveauté musicale en France. Je ne resterai pas bloqué sur M Pokora et sur Christophe Maé comme des petits jeunes qui démarrent en 2023, c’est hors de question. On est quand même à l’époque d’Internet, je crois qu’il doit y avoir moyen de rester informé…. On a bien réussi à savoir que Bernhein n’a pas son agreg de philo donc le reste devrait être un jeu d’enfants !

 

–        Quelqu’un qui ne conçoit pas un repas sans poulet

Alors oui, je sais, ça ne fait que 3 mois que je suis là mais j’en peux déjà plus de la volaille… shnitzel, haze hof, parguit… il faut croire qu’il y a plus de poulet que d’habitants dans ce pays. Alors même si j’adore ça, je vous le dis, je ne supporterai pas d’en manger midi et soir… et encore moins au petit dej. Vous croyez qu’ils en trempent dans leur café les israéliens ?

 

–        Quelqu’un qui passe toutes ces vacances en France

Je me refuse, sous prétexte qu’il faut rendre visite à la famille et aux amis, à n’aller en vacances nulle part ailleurs qu’en France. J’ai quand même envie de continuer à découvrir le monde. La Chine, les Etats-Unis, les capitales d’Europe… je suis trop jeune pour m’arrêter à ce que j’ai déjà vu. C’est vrai qu’il est difficile de résister à l’expérience d’un vol Tel Aviv Paris sur Elal mais malgré ça je vous confirme qu’on ne peut se contenter que de ça ! Paris, tu me manques malgré tout mais sache que je vais devoir te faire des infidélités. Mais ça ne changera rien, je suis et je resterai amoureuse de la Tour Eiffel.

 

–        Quelqu’un qui ne parle pas hyper bien hébreu

C’est sûr pour le moment je lutte, je dis « lait » alors que je voulais dire « dommage », je dis que « j’aime » alors que « je travaille »…. Mais je suis sure que ça va finir par rentrer. J’ai envie moi aussi de pouvoir m’engueuler avec les gens dans la rue, de pouvoir négocier, de pouvoir bien comprendre le menu au resto et pas être obligée de prendre un des trucs que j’ai réussi à déchiffrer. Je sens que ça ne va pas être une mince affaire, mais je ne baisse pas les bras !

 

–        Quelqu’un qui aurait complètement oublié la politesse à la française

Et attention, là, je ne veux pas dire à la parisienne, quand les gens vous poussent dans le métro ou vous bousculent dans la rue sans se retourner. En tant que provinciale, je vous assure que le parisien ne représente pas le français moyen… J’ai envie de persévérer et de continuer à dire « bonjour » au chauffeur de shirout, à dire « bonne journée » aux gens qui bossent dans mon immeuble quand je quitte l’ascenseur… et ce même si je n’ai presque jamais de réponse. Bon j’avoue c’est un peu frustrant quand même, je vais peut-être me lasser à la longue…

 

Et vous alors, qu’est-ce que vous refusez ou refuserez de céder à votre bonne intégration sur la terre promise ?

Sarah Dray

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