Dans l’inconscient ou le conscient collectif, je ne saurai trop dire, prendre les transports en commun doit se classer dans le top de ce qui se fait de plus ennuyeux, rébarbatif, déprimant, stressant, fatiguant…

Et pourtant…

Loin des clichés, ou plutôt créateur des miens, il n’y a pas un abribus, une ligne, une rame, un quai qui ne soit devenu pour moi un terrain d’observation. Je photographie des scènes de vie, des moments qui me touchent, des visages qui m’ interpellent…J’écoute tout ce que mon instinct me commande, pour capturer dans mon téléphone une foultitudes d’âmes, que je croise et qui se croisent en permanence.

Et puis il y a quelques jours, alors que je faisais le tri dans mes photos, ça m’a soudainement sauté au visage . Ils me sont clairement apparus. Noyés au milieu d’innombrables clichés, j’ai commencé presque frénétiquement à les regrouper. Leurs visages, leurs attitudes, leurs postures, leur regard, étaient parfaitement identifiables. Depuis deux ans je les shootais de manière inlassable sans jamais faire le lien entre chacun d’entre eux, sans jamais comprendre que j’étais le spectateur depuis tout ce temps, du film de la vie d’un peuple qui frôle chaque jour la mienne .

Un peuple qui lorsqu’ils pénètre les différentes enceintes publiques se coupe de ce monde pour en rejoindre un autre. Un monde où seul le silence fait loi. Chacun à sa façon. De ceux dont le regard se perd au loin, beaucoup plus loin que la ligne d’horizon qu’ils semblent fixer, aux autres qui même pour un court moment se réfugient dans le sommeil, sans oublier ces hommes et ces femmes qui, se débranchent, se déconnectent du réel, certains optant pour le virtuel, d’autre pour le spirituel.

Un peuple qui n’apparaît au regard qu’à force de temps, de répétition et de récurrence.

Un peuple qui émet sur une fréquence émotionnelle furtive, invisible à l’âme nue.

Le peuple silencieux…

Un peuple qui émet sur une fréquence émotionnelle furtive, invisible à l’âme nue.

Le peuple silencieux…

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