Vous pensiez vous aussi qu’Israël est « un pays de froment, d’orge, de vignes, de figuiers et de grenadiers; pays d’oliviers et de miel. » ? En effet, cela en est bien le cas, seulement, encore faut-il pouvoir l’acheter toute cette nourriture ! 

C’est un fait incontestable : la nourriture en Israël coûte cher. Et pas qu’un peu. Un exemple tout simple pour illustrer ce propos: Un litre de lait en France coûte 0,94€ (soit 4,47 Shekels), alors qu’en Israël il est à 6,13 Shekels (soit 1,29 euros).

Bon, c’est clair, nous n’avons pas en Israël d’équivalent de la Politique Agricole Commune menée par l’Europe, et qui, comme il est précisé au titre III de l’article 38 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, a pour objectif d’assurer des prix raisonnables aux consommateurs. Aussi pour vous rassurer, c’est la dernière fois que je parle du droit communautaire dans cet article.

Il faut le dire clairement, haut et fort : Les prix de la nourriture sont scandaleux, beaucoup plus élevés qu’en Europe ou aux USA. Les monopoles ruinent les consommateurs, et le gouvernement doit agir. 

Seulement voilà, les choses sont, comme toujours, plus compliquées qu’elles n’y paraissent.

Au mois de Mars dernier, un comité de la Knesset a approuvé des mesures pour augmenter la compétition entre les compagnies agro-alimentaires. Parmi ces mesures, il y a notamment celle qui empêche les société les plus importantes d’occuper plus de 50% d’une étagère de supermarché, et interdit aux fabriquant de payer les supermarchés en question pour acheter leur entrée dans rayons, avec l’obligation de mettre en ligne à chaque heure, leurs prix en ligne.

D’autres législations visent à mettre fin à l’arrangement entre cartels sur le prix des biens, et de rendre obligatoire la publication annuelle de rapports financiers. Par ailleurs le gouvernement étudie des moyens d’introduire des « importateurs parallèles », ce qui mettrait fin à la domination de ceux qui gèrent exclusivement ce marché.

Toutes ces nouvelles réglementations ont le même objectif : augmenter la compétition dans l’industrie agro-alimentaire, soit en encourageant les importations, soit en aidant les fabricants locaux plus modestes, et en rendant l’information plus disponible pour les consommateurs.

Tout cela à l’air bien beau sur le papier. Il en est sans doute autrement dans les conséquences bien réelles que cela aura.

Israël possède une petite, mais florissante, économie,  qui est relativement isolée. Strauss, Central Botlling, Tnuva et Super-Sol (des compagnies agroalimentaires israéliennes ndlr), apparaissent comme des géants ici, mais ressemblent à des PME aux vues des standards américains et européens. Si on casse leur marché, en l’ouvrant aux importations, nous risquons de mettre beaucoup d’emplois en dangers.

Et sommes nous préparés à réduire la TVA sur la nourriture ? C’est après tout, la principale raison derrière les prix si élevés ! Mais l’abaisser voudrait dire, réduire les services publics, ou faire augmenter ailleurs !

Et combien d’israéliens sont prêt à avoir des produits non-cacher sur les étagères de supermarchés, ouvertes à l’importation et fermées aux produits israéliens à cause de quotas ?

Ceci dit, il y a un véritable problème : L’économie croit plus fortement que dans les pays développés, le chômage est à son plus bas, la bourse est presque son plus haut historique et pourtant, les israéliens ne consomment pas comme ils le devraient. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’achat mensuel par carte de crédit a baissé en 1 an de 8%, passant à 326 shekels.

Les consommateurs américains et européens dépensent moins aussi. Mais c’est parce que leur économie à souffert d’une sévère récession, et que depuis elles remontent la pente difficilement, tout en ayant un taux de chômage important.

Si les israéliens se battent pour joindre les deux bouts, c’est uniquement parce que maintenir un niveau de vie de classe moyenne, semblent devenir une chimère. Et cela, le gouvernement ne peut pas le laisser faire, au risque de quoi, tous les autres succès d’Israël seront oubliés au détriment de cet échec flagrant.

 

 

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