Alors qu’au moment où j’écris ces lignes, Israéliens et Palestiniens sont en train de négocier une solution de paix, il me paraissait essentiel de faire un tour de toutes les options, qui permettraient d’apporter une solution définitive au conflit… toutes les options… des meilleures aux pires, selon les points de vue.

 

1/ Deux états pour deux peuples :

c’est avec la solution la plus médiatique, la plus connue et la plus envisagée que je vais commencer ce petit tour des options de paix.

Solution apparemment simple : on prend la carte et on partage en deux (ou ce qu’il reste).

La base du plan de partage reste la ligne d’armistice de 1949 – faussement appelée frontière de 1967 qui n’a jamais été une frontière que du fait qu’en droit international, une ligne d’armistice peut faire office de frontière par défaut tant qu’aucun accord n’est signé, donc depuis 67 que cette ligne d’armistice n’existe plus, on ne peut plus l’évoquer comme frontière.

Avantages: elle peut être mise en place relativement rapidement, du fait de l’habitude de cette idée (essentiel dans la mise en place de la paix).

Elle permet de respecter les droits de chacun des peuples à disposer d’eux même.

Le tracé de la clôture de sécurité peut servir de base à une réalité de frontière, dans le cadre d’un échange de terre. 

Les habitants juifs des implantations pourraient devenir soit citoyens juifs d’un Etat palestinien, soit résidents permanents israélien dans un Etat  palestinien.

Le fait de séparer un moment les deux peuples peut aussi être nécessaire afin de permettre un apaisement… ce qu’Amos Oz résume par la phrase « Laissez- nous divorcer ».

Inconvénients : les implantations israéliennes dans les territoires mettent en difficulté le dessin d’une carte palestinienne.

La constitution palestinienne de 2003 prévoit que l’Islam soit religion officielle et que la Charia soit source de loi, compliquant la situation des minorités vivant sur cet Etat.

Cette solution est envisagée depuis si longtemps… mais avec si peu de résultats.

Les deux territoires sont inextricables. Les deux pays parlent de Jérusalem comme de leur capitale (la constitution palestinienne de ne parle pas de Jérusalem Est, mais juste de Jérusalem, de même pour la loi fondamentale israélienne).La majorité des Israéliens sont contre une division de Jérusalem.

  

2/ Un Etat binational :

c’est souvent une solution populaire dans les milieux de gauche radicale et parmi certains Palestiniens toutes tendances confondues.

 

Avantages: il permet d’effacer de facto la question des frontières et de mettre en avant une égalité de l’ensemble des habitants de la région. Elle permettrait à chacun de se déplacer et de vivre où il le souhaite.

 

Inconvénients:  il annule un droit reconnu qui est celui du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pour le peuple juif, point encore reconnu et revendiqué par la majorité des Israéliens… de même pour les Palestiniens. 

Des questions se posent sur la viabilité d’un Etat non-nation, et le fait que d’autres Etats, comme la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, et dans une moindre mesure avec la Belgique flamande, ont connu et connaissent des difficultés.

 Un autre souci vient de la crainte (réelle ou pas) d’une démographie palestinienne (par le nombre de naissances ou par l’octroi du droit au retour des Palestiniens) qui rendrait les Juifs minoritaires, ne pouvant empêcher une majorité palestinienne de demander que l’Etat ne soit plus

binational… ce qui explique sans doute pourquoi cette solution est appréciée chez certains palestiniens voyant l’avantage à long terme.

 

3/ Un état juif israélien de la mer au Jourdain:

c’est la solution un peu « provoc » qui fait frémir une partie du monde. Elle pourrait résulter aussi bien d’une volonté israélienne que d’un ras-le-bol des responsables palestiniens qui diraient aux Israéliens « prenez les clés, on en a marre, gérez tout vous- mêmes ».

 

Avantages: elle permet aussi de régler le problème des frontières et des implantations. Elle doit octroyer dans le même temps la nationalité israélienne et tous les droits à l’ensemble des Arabes de la région.

Les Arabes palestiniens devenus Israéliens pourraient se déplacer librement dans ce qui serait leur pays.

Elle maintient le principe du droit des peuples à disposer d’eux- mêmes pour le peuple juif… Israël étant un Etat de droit, son caractère juif n’empêche pas une égalité des droits, donc même si un jour la majorité des citoyens étaient non-juifs, le maintien du caractère juif n’handicaperait pas les non-juifs, et permettrait de maintenir un Etat juif pour le peuple juif.

Il faudrait repréciser la définition d’Israël comme « Etat hébreu du peuple juif et de tous ses habitants ».

Inconvénients:…mais qu’en est-il du droit des peuples à disposer

d’eux-même pour les Palestiniens? accepteraient ils aussi d’y renoncer pour une vie plus tranquille dans un Etat israélien?

Dans la réalité, si la majorité des habitants d’un Etat juif, bien que garantissant l’égalité des droits, peut il se maintenir en tant qu’Etat juif?

 

4/ La solution jordanienne:

cette solution est régulièrement sortie du chapeau de certains dirigeants israéliens. Il consiste à se débarrasser du problème palestinien en refilant la patate chaude à son voisin… ici les Jordaniens.

Avantages: contrairement à un Etat binational israélo-palestinien, la solution palestino-jordanienne permet d’avoir un pays, avec une meilleure cohérence « populaire », car d’une part on estime qu’une majorité des Jordaniens sont d’origine palestinienne… et en plus la reine de Jordanie est palestinienne.

La Jordanie ayant signé un traité de paix avec Israël, l’intégration des territoires palestiniens en Jordanie inclurait donc automatiquement la paix. Pour Israël, l’avantage premier est de garder le contrôle total sur Jérusalem.

Inconvénients: après l’expulsion et les massacres de septembre 70, dit septembre noir, par la Jordanie contre les Palestiniens de l’OLP, les Palestiniens voudront-ils devenir citoyens et sujets jordaniens? Cette solution inclut deux concessions majeures pour Israéliens et Palestiniens: la perte totale du contrôle de la vallée du Jourdain pour Israël, l’abandon d’avoir Jérusalem pour capitale pour les Palestiniens.

 

5/ Une confédération israélo-palestinienne :

la solution « originale »… celle à laquelle on ne pense pas (et d’ailleurs merci à Michael Blum de m’avoir informé de l’existence de cette option).

Il s’agit d’avoir deux Etats, pour deux peuples, avec chacun ses administrations, ses institutions, son drapeau, son hymne, son identité, etc… donc en maintenant les droits des peuples à disposer d’eux-mêmes pour chacun des deux peuples… mais sur un même territoire.

Avantages : plus besoin de négocier sur les frontières, Israël à Jérusalem, la capitale est indivisible d’Israël… et de même pour les Palestiniens. Un Palestinien peut aller vivre à Jaffa et un Juif à Hébron… chacun dépendant de l’administration de son Etat… un Etat juif et un Etat arabe.

On peut même imaginer l’extension du concept dans un cadre adapté, à la Jordanie, le Liban, etc.

Se lever le matin en se disant qu’on va se faire une journée pour comparer si le houmous est meilleur à Tel Aviv ou Beyrouth… ça vous dit? Bon, je sais, je rêve un peu… Comment ça pourrait fonctionner concrètement ? La Police? La Justice? La Défense? Il n’est pas idiot d’imaginer des rondes de police israélo-palestiniennes, avec une coopération entre les deux au quotidien… idiot? Et pourtant, ça se rapproche de ce qui se fait actuellement dans les territoires palestiniens.

Pour la Justice, les situations impliquant des ressortissants de chacun des pays pourraient être jugées par des tribunaux réguliers de coopération israélo-palestinienne.

Inconvénients: cette solution ne verra pas le jour avant quelques décennies… le temps que les haines et les rancœurs s’apaisent.

Sera-t-on prêt à se dire que l’endroit où l’on vit est totalement son pays tout en étant un autre? Et surtout… cette solution n’a jamais été mise en place à ma connaissance nulle part ailleurs. Derrière la belle utopie, ne sera-t-on pas confronté à une réalité toujours décevante que l’on ne s’imaginait pas, qui serait au final pire que les solutions bancales précédentes? Seul l’avenir le dira.

 

6/ La guerre:

alors, oui, ce n’est pas vraiment une solution, mais ça reste aussi une réalité qu’il ne faut pas non plus balayer d’un revers de la main. C’est moche, on n’a pas envie d’y penser, mais pourtant quand les sirènes hurlent et que l’on doit se préparer pour courir dans un abri, c’est une réalité qui se rappelle cruellement à nous.

 On ne peut pas faire comme si autour d’Israël, certains ne font pas que rêver de détruire Israël, mais tentent de s’y préparer.

Il n’y aura alors qu’un vainqueur… la mort.

Nul besoin de parler d’avantages et d’inconvénients…

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