Tel Aviv et Shabbat n’est pas une association qui semble évidente ! L’idée peut même paraître incongrue, pour ne pas dire, ridicule. Et pourtant il existe, n’en déplaise à nos amis les plus pratiquants, un véritable Shabbat propre à la ville blanche, à mi-chemin entre nos traditions et le monde moderne.

Le Shabbat, est traditionnellement consacré à la famille, à la maison, à la méditation. C’est bien d’ailleurs, ce que le Grand Rabbin de Tel Aviv, Israel Lau, aimerait que l’on fasse, si l’on en croit la lettre qu’il a envoyée au maire de la ville : « Shabbat doit être passé en famille, autour d’une table, avec deux pains, un beau kiddoush et de la nourriture en abondance». Seulement voilà, on ne peut pas dire que ce soit exactement la conception qu’en ont les Tel Aviviens.

Les lois et amendes n’ont jamais réussi à imposer la religion à Tel Aviv. D’une certaine façon, on peut dire que les rabbins ont abandonné les juifs séculaires, tout autant que ces derniers ont abandonné la pratique de leurs ancêtres. En effet, les rabbins n’ont plus cette figure d’autorité en Israël, qu’ils avaient du temps de l’exil. Il ne leur reste plus qu’une autorité religieuse. Et plutôt que d’orienter ceux qui sont moins observants que les autres vers un Shabbat dédié au développement de l’esprit – comme lire un livre tout simplement –, qui certes n’aurait pas été cacher, mais qui aurait honoré la journée, ils ont choisi d’abandonner les juifs séculaires.

Alors oui, le Shabbat est étroitement lié à la pratique religieuse, du moins dans la tradition.

Mais ici, à Tel Aviv, le Shabbat se fait autrement : Il y a de cela 15 ans, la professeur Ruth Gavison a écrit, conjointement avec le rabbin Yaacov Medan, un document qui décrit le Shabbat dans cet Israël moderne, à la fois Juif et démocratique. Il recommandait des concessions des deux côtés, religieux et séculaires, pour se retrouver à mi-chemin : fermer les bureaux, mais ouvrir les lieux de cultures et de divertissements pendant le Shabbat.

Certes, rien n’est jamais sorti de ce accord mais que l’on ne vienne pas donner de leçon aux Tel Aviviens sur ce qu’est le Shabbat. Il n’est ni l’exclusivité du monde religieux, ni du monde séculaire. Le Shabbat, c’est ce jour que nous distinguons tous, d’une manière ou d’une autre, des autres jours qui composent la semaine. Alors finalement, ne le sanctifions-nous pas comme nos ancêtres l’avaient fait à leur époque ?

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