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5h00 – Je me réveille une première fois. Des images dans ma tête.  Des frissons dans le corps. J’ai froid…je me rendors

7h00 – Je me lève ce matin comme tous les autres pour aller en cours, à l’université de Be’er Sheva. J’ai la tête occupée, le visage triste comme depuis plusieurs jours. Je le sais, je le sens, aujourd’hui sera comme les derniers ou pire, d’autres personnes vont mourir. Combien d’attentats auront lieu aujourd’hui ? Je ne le sais pas, mais qu’importe, ma vie m’attend. Je me brosse les dents, j’enfile une robe et mes bijoux, emporte avec moi mes livres, ma lunch box et mon thermos de café : la journée peut commencer.

 

8h00 – Je me dirige vers l’université, c’est une marche de 15 petites minutes. Habituellement c’est un plaisir mais depuis quelques jours, c’est une angoisse. Je n’écoute plus de musique, car je ne veux pas que mes écouteurs m’empêchent de me concentrer sur mon environnement. En ces temps si troubles, il vaut mieux être alerte. Les passants se regardent avec méfiance. Dans les rues, on trace et on baisse la tête. La peur règne, la tension grandit, les cafés et restaurants se vident.

 

8h15 – J’arrive à l’université, dans 15 minutes mon premier cours va commencer, je m’allume une dernière cigarette.

 

De 8h30 à 10h00, je suis en cours. J’écoute, j’apprends, je réfléchis… Ca paraîtra étrange pour certains, mais étudier me détend durant cette période difficile. En effet, au moins le temps d’une heure et demie, je ne réfléchis pas à ce qui se passe en dehors de la salle. J’oublierai presque que je vis en Israël, un pays en guerre depuis sa naissance.

 

10h00 – Le cours s’achève, retour à la réalité. Je sors fumer une cigarette durant l’entre-cours, et emporte avec moi mon téléphone. J’ouvre Facebook et c’est la stupeur. Je n’arrive même pas à suivre. Une attaque à Ra’anana ? Non, deux ! Des vidéos qui défilent, des statuts de personnes en colère, je ne comprends plus rien, mais de toute façon, je n’ai pas le temps de comprendre car les cours reprennent.

 

De 10h15 à 12h00, un autre cours sur le temps et l’espace dans le conflit israélo-palestinien. Un sujet lourd, pesant, particulièrement dans une période telle que celle-ci. Je reste tant bien que mal concentrée.

 

Je sors à 12h, je commence à avoir faim, je m’assieds sur l’herbe du joli campus, près de la rivière. Je sors ma lunch box, et avant ça, je fais l’erreur d’ouvrir de nouveau Facebook. Entre deux selfies, je vois qu’il y’a eu une attaque dans un bus à Jérusalem, deux terroristes sont rentrés et ont tiré de sang froid sur les passagers. Puis une vidéo débile de panda entre deux statuts d’israéliens, et putain mais ce n’est pas fini ! D’autres attaques à Jérusalem. Une à la voiture bélier et une au couteau. Des commentaires pleins de haines, des partages, des doutes et des questions, des informations venant de tous bords qui divergent. Je ne sais plus où mettre la tête. Puis comme si que ce n’était pas suffisant, mon fil d’actualité m’annonce alors qu’un Israélien de Netanya a également attaqué un Israélien arabe.

 

J’ai envie de vomir, j’ai l’estomac noué. Où est passé mon appétit ? Après tout, tant pis pour ma lunch box. De toute façon, le riz que j’avais préparé était dégueulasse.

 

Je suis en pause jusqu’à 14h, mais une chose est sûre : les terroristes eux, ne prennent pas de pause. Une autre attaque au couteau à Kiriat Ata, au nord de Haïfa.

 

Je finis ma journée, il est 16h je suis exténuée, et pendant ce temps Bibi et ses copains se réunissent pour discuter des « solutions » sans doute court-terme à apporter à ce terrible tsunami de violence, de terreur et de haine. Entre un gouvernement israélien silencieux, un Hamas qui se fait discret (ce n’est pas tous les jours, profitons-en !), et une autorité palestinienne quasi inexistante, j’ai peur que quelque chose de très mauvais se trame…

 

Je rentre à pied jusque chez moi, le plus vite possible, et sur le chemin je me demande à quoi ressemblera demain. Chaque jour est plus difficile que le précédent en Israël, pourtant on essaie de continuer à vivre.

 

16h40 – Je bois mon énième café de la journée, et je vois qu’il y a encore eu des affrontements entre l’armée israélienne et des Gazaouis à la frontière lors de manifestations. Cette fois ci, ça me gonfle. Il est temps de fermer mon ordinateur et de déconnecter de l’actualité.

 

A l’heure où j’écris, il est 17h30, et j’espère que le triste bilan de la journée pourra se limiter à cela. Cela fait une semaine que les attentats se multiplient en Israël, dans l’ignorance et le mépris de la communauté internationale. Je pense d’ailleurs que le communiqué de la Présidence de la République Française est un exemple éloquent de l’hypocrisie et l’indifférence que la France, et les autres portent à la situation actuelle.

 

L’histoire de ce communiqué, laissez-moi vous la raconter. Alors que le mec qui rédige les communiqués pour la Présidence faisait tranquillement caca assis sur sa cuvette, il s’est dit « tiens, et si j’en profitais pour me débarrasser de ce papier à la con que je dois écrire sur la situation en Palestine ? ». Ni une ni deux, le consciencieux fonctionnaire se met au travail. Il prit son rouleau de PQ deluxe et son stylo plume Mont Blanc et nous chie les 5 lignes qui ont servi de communiqué. Il omet d’écrire le mot « Israël » sur ces cinq petites lignes (ce qui peut paraître étrange au vu de la situation), et nous explique qu’il se sent vachement préoccupé par la situation « à Jérusalem et en territoires palestiniens ». Puis après tout, pour ce qui en est de Tel Aviv, Afula, Kyriat Gat, Hadera etc, ce n’est qu’un détail. Il n’oublie pas de conclure en rappelant que la France travaille dur pour que la paix soit rétablie. Enfin pour couronner le tout, il a pensé que les rubriques « International, développement et francophonie » seraient certainement les plus pertinentes pour mettre son communiqué. Il s’est torché, a tiré les chasses, et est allé donner ce torchon à ses collègues pour le publier. C’était l’histoire du communiqué de la Présidence.

 

Bref, malgré ce cynisme et cet humour noir, croyez-moi, j’ai mal au cœur.

Mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir envie d’avancer, alors vous me pardonnerez mais je retourne vaquer à ma vie…

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