Je veux d’abord te dire merci. Merci pour ton courage. Merci de reprendre la parole, là où tant d’autres préfèrent rester dans le silence ou dans le confort des évidences. Tu occupes un espace nécessaire, précieux — celui de la nuance, celui du souci éthique, celui du refus de l’aveuglement.
Et je suis d’accord avec toi : le soutien à Israël ne doit pas devenir un blanc-seing donné à ceux qui le dirigent. Ce que tu dis sur la déconnexion entre l’amour d’un pays et l’adhésion à sa politique — je le partage pleinement.
Mais en tant que père — d’un fils à l’armée, d’un autre qui en revient — je dois aussi te dire ce que j’ai ressenti en te lisant.
Un malaise. Une gêne sourde. Et je crois que beaucoup, ici, ont ressenti la même chose.
Pas parce que tu as tort. Mais parce que tes mots, parfois, par leur silence ou leur glissement — comme quand tu parles d’“Israël” pour désigner un gouvernement — deviennent des munitions. Et ce n’est pas moi qui le dis : c’est toi, dans ta lettre. Et tu as raison. Les mots sont des munitions.
Et aujourd’hui, ceux qui savent instrumentaliser l’antisémitisme n’ont même plus besoin de fabriquer leurs armes : ils les récupèrent dans nos propres textes.
C’est douloureux à dire. Parce que je sais que ce n’est pas ton intention. Mais la douleur qu’on vit ici depuis le 7 octobre ne s’est jamais arrêtée. Et à cette douleur, s’ajoute maintenant celle de devoir, en plus, se justifier d’exister.
Alors je t’écris. Pas contre toi. Avec toi. Mais pour te dire que si on veut vraiment aimer notre prochain, on ne peut pas s’oublier les uns les autres en chemin.
Un papa israélien
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