Ils viennent de la montagne, de la campagne, du désert.
Il y a des noms, des visages, des yeux…
Et se présentent à l’ordre serré.
Ils viennent d’un pas masculin, forts et tannés,
Ils sortent des chars brûlés et écrasés, au-delà des dunes et des tranchés,
Ils se lèvent derrière les rochers, sortent des avions,
Forts comme les tigres, souples comme les aigles,
Héros comme les lions.
Et ils passent, un par un, entre deux colonnes d’anges,
Qui leur offrent des bonbons et qui leur présentent
des colliers de fleurs.
Je les regarde, et ils sont tous si joyeux et si beaux…
Ce sont mes frères,
Ce sont des frères.
Et ils se réunissent entre eux.
Il y a des yeux noirs, marrons et bleus.
Se souvenant des autres noms, des armes et des lieux.
Se servant du café et du thé,
Éclatant de rire en criant: Kifak Hé!
Ils rencontrent beaucoup d’amis dans le public
Commandants tapant l’épaule de certains,
et les soldats serrant les mains des commandants.
Ensemble ils brisent le chant
Et tous les habitants du ciel les écoutent avec admiration et engouement.
La réunion dure jour et nuit, nuit et jour
Car au ciel, une bande comme celle-ci, n’a jamais été vue
Puis soudain ils entendent des voix connues qui pleurent.
Ils regardent en bas, vers la maison chez papa et maman,
Vers leurs frères et sœurs
et leurs femmes et leurs enfants.
Ils restent perplexes dans le silence qui se pose lourdement…
C’est là que quelqu’un chuchote doucement:
«Pardonnez-nous, mais nous étions obligés…
Nous avons triomphé lors des combats, et maintenant il est temps de nous reposer»
Ce sont mes frères
Ce sont des frères.
Et ils sont là debout, la lumière tombante sur leur visage
Et seul Dieu passe entre eux
Avec les larmes aux yeux, il embrasse leurs blessures,
Et avec la voix tremblante, dit aux anges blancs
Ce sont mes fils
Ce sont mes fils.
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