[avatar user= »Nissim » size= »thumbnail » align= »left »]Nissim Sellam[/avatar]
En regardant le journal, je me suis pris un énorme coup d’poing dans le ventre. Souffle coupé. Le journaliste a eu raison de moi, il m’a mis K.O. choqué, incapable de prononcer un mot, comme si je venais de me faire tabasser, et qu’il n’y aurait plus rien, ni personne, pour me réconforter. Je découvrais, sans voix, qu’en 2006 dans un pays comme la France, un garçon du même âge que moi, avait été kidnappé, torturé, puis assassiné, uniquement parce qu’il était Juif. Il était vous, il était moi, il aurait pu être n’importe lequel d’entre nous. C’est pourtant à lui que c’est arrivé. Le mal, était revenu d’un voyage, qui avait duré 61 ans, pour reprendre forme. Il avait un nouveau nom « le gang des barbares ».
Il venait de brûler l’arbre de la confiance qu’il y’avait en chacun de nous, Juifs. Cet événement m’a changé, je n’ai plus jamais été le même après ça. Je me souviens m’être dit que si la France avait laissé faire une telle chose, alors je n’avais plus envie de vivre dans ce pays. J’aurais voulu fuir, loin, très loin !
Le jour de la manifestation j’ai ressenti le besoin vital de faire partie de ces gens, de cette foule, en me joignant à ce groupe de personnes. Au début nous marchions doucement, en silence, comme si nous dormions éveillés, mais plus on marchait, plus j’avais le sentiment de sortir de ce sommeil. Plus on avançait et plus j’avais l’impression que nous n’étions plus une foule, mais un seul être, un être qui hurlait, parce qu’on lui avait arraché ce qu’il possédait de plus cher. Son fils, son Frère, son Ami. Ilan.
L’assassinat d’Ilan Halimi était un électrochoc, qui venait réveiller une conscience profondément enfouie dans notre identité Juive. On a tous pensé « plus jamais ça », plus jamais, chose que pensaient deja nos grands-parents, nos arrieres grands-parents, les parents de nos arrieres grands-parents, etc…etc….etc
Mais 8 ans après, qu’est ce qui a réellement changé ?
Après Ilan, qui aurait pu penser que Myriam, Gabriel, Arié et Jonathan auraient à nouveau été victime de ce mal, l’antisémitisme?
Je me suis souvent demandé, si un jour dans ma vie je l’ai croisé sans m’en être souvenu. Et si j’avais pu lui parler qu’est-ce que je lui aurais dit? Mais en vrai tout au fond j’aurais voulu ne jamais connaître son nom…
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