Les deux dernières années ont témoigné de l’importance, l’impact et la force des réseaux sociaux dans les processus d’amorçage de certaines mais toujours plus nombreuses contestations, voire  révolutions politiques.  Agissant, comme une résonance, un écho, un porte-voix à un bourdonnement resté jusque là trop inaudible, les conversations en faveur de la paix, n’ont jamais été aussi nombreuses. Parmi cette myriade de satellites, en existe un, de plus en plus actif et audible :  « Les Yala-Young Leaders » . Ce mouvement né du Centre Shimon Peres (The Peres Center for Peace) en 2011, rencontre un franc succès sur la toile et sur Facebook notamment. En toute exclusivité, Streetisrael.com a rencontré l’une des figures de ce mouvement, Sarah Blum, représentante du Yala-Young Leaders France-Maghreb.

1) Peux-tu nous présenter le mouvement Yala-Young Leaders et comment est-il né?

 YaLa-Young Leaders est une initiative du Centre Shimon Peres pour la Paix. Ce centre est présidé par S.E.M. l’Ambassadeur Uri Savir, qui a été le chef des négociations lors des « Accords d’Oslo« . A l’heure où je te réponds, le mouvement regroupe déjà plus de 63 500 membres depuis sa création le 24 mai 2011 sous la forme d’une page Facebook80% de ses membres viennent de la région Moyen-Orient/Afrique du Nord: d’Egypte, de Palestine, de Jordanie, de Turquie, d’Israël, d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, d’Irak, de Libye, d’Arabie Saoudite et du Liban (par ordre décroissant).

 La page Facebook du mouvement constitue la plateforme d’un dialogue qui traverse les frontières les plus infranchissables. Outre les discussions online, des projets sur le terrain ont vu et continuent à voir le jour. Grâce aux nouvelles technologies, aux réseaux sociaux, les jeunes de la région vont pouvoir eux-même mener leur génération vers un avenir meilleur.

 YaLa se place dans cette tendance de mouvements qui naissent sur la toile et qui se veulent être la voix des majorités silencieuses. Nous ne nous taisons plus, nous exprimons notre volonté de vivre en paix et en partenariat avec nos voisins, et nous y travaillons d’arrache-pied.

 

 

2) Concrètement quelle est la mission de Yala-Young Leaders ? et sur quel facteurs vous basez-vous pour l’atteindre? Quelles sont les conditions pour y adhérer ?

YaLa-Young Leaders part du constat suivant: près de 65% de la population de la région (Moyen-Orient/Afrique du Nord) est composé d’individus de moins de 30 ans et 30% ont entre 15 et 24 ans! Il était donc naturel de commencer par les réseaux sociaux. Ainsi, pour devenir membre de la YaLa-Young Leaders community, il suffit de cliquer sur le lien de la page Facebook (voici le lien vers cette page: http://www.facebook.com/yalaYL) et de « liker » la page. C’est à la portée de tout utilisateur de Facebook. Nous existons aussi sur Twitter: @YaLa_YL. Très prochainement, notre site internet sera mis en ligne en plusieurs langues afin de rallier au-delà des réseaux sociaux.

Les membres se sont fixés comme but de se battre pour plus de liberté, plus d’égalité et plus de solidarité dans la région, ouvrant par là-même un nouveau chapitre. YaLa-Young Leaders est, dans la région, le mouvement le plus large qui agisse pour le changement et celui qui croît le plus rapidement. Nous nous engageons à établir durablement une région sûre, pacifique et productive basée sur un dialogue franc et respectueux, qui jusqu’alors n’avait rien d’évident, eu égard à la situation géopolitique, et qui, depuis la création de YaLa, se répand et porte ses fruits (par le biais de nos projets sur le terrain, de la participation très active sur les réseaux sociaux et par la création de nombreux blogs par les YaLars).

3) Dans un article Uri Savir le fondateur du mouvement a dit « Toute la communication aujourd’hui se fait sur internet – sexe, guerre, affaires – pourquoi pas la paix ? » par ailleurs on a pu voir récemment que des messages d’amours entre iraniens et israéliens se partageaient sur Facebook, suite à l’initiative de deux graphistes israéliens, pensez-vous que les réseaux sociaux aujourd’hui sont des moyens suffisamment puissants pour réconcilier les peuples ?

 C’est un fait. Les réseaux sociaux aujourd’hui sont un puissant moyen de communication. L’on peut y voir du négatif comme du positif, tout dépend de la manière dont on s’en sert. Que ce soit l’insurrection verte de 2009 en Iran, la révolution dite de Jasmin, la révolution égyptienne, etc, tous ces soulèvements ont commencé par être médiatisés via ces réseaux, pour contourner la censure. Les massacres de Syrie sont également révélés au monde par ce moyen-là. Le camp de la paix en Israël avait besoin d’un nouveau souffle. C’est un camp qui est au-dessus de toute logique partisane. C’est un mouvement citoyen. Nous voulons tous la paix, au fond de nous. Nous avions besoin de construire des ponts vers nos voisins, de les rencontrer, virtuellement et/ou physiquement, pour renforcer ce camp de la paix et lui donner une nouvelle dimension, plus internationale, qui en définitive lui redonne tout son sens.

Partager des messages positifs, comme ceux du projet de Ronny Edri (Iranians we love you), ne peut qu’entraîner un cercle vertueux d’apaisement des consciences et susciter une certaine curiosité voire entraîner une véritable démarche d’ouverture vers l’Autre. Mais au-delà de ça, YaLa propose de transformer l’essai: nous causons (dans tous les sens du terme) dans le monde virtuel pour provoquer des conséquences bien réelles dans le monde matériel et fonder une société sur des valeurs humainement plus solides. En ce sens, Facebook et Twitter ont été de puissants catalyseurs.

 4) Quel est le bilan au bout d’un an?

YaLa-Young Leaders est présent dans toute la région Moyen-Orient/Afrique du Nord, mais aussi en Europe de l’Ouest et aux Etats-Unis. Nous avons organisé deux concours de photographie qui ont permis, grâce à notre partenariat avec le Barça, d’envoyer les lauréats assister ensemble à des entraînements et des matchs de leur club de football préféré. Un représentant palestinien et un représentant israélien ont été accueilli à New-York pour l’ouverture de l’Assemblée Générale des Nations-Unies. YaLa a été représenté au 7e Forum des Jeunes de l’UNESCO ainsi qu’au Millenium Campus de Grenade et plus récemment à la Clinton Global Initiative University à Washington. Les 23-24 janvier 2012 s’est tenue la première conférence de paix et de coopération régionale online, organisée par YaLa-Young Leaders. Plus de 50 000 personnes y ont participé en se connectant via l’application Shaker sur le YaLa Square. De nombreux intervenants de marque y ont témoigné de leur soutien: les Présidents Shimon Peres et Mahmoud Abbas, la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, le vice-président de Facebook David Fischer, la Directrice Générale de l’UNESCO Irina Bokova, S.E.M. l’Ambassadeur Dennis Ross, ancien Envoyé Spécial américain au Proche-Orient, la directrice générale pour le développement de la coopération au sein du Ministère des Affaires Etrangères italien Elisabetta Belloni, le vice-président de Microsoft Dan’l Lewin, l’entraîneur du Barça Pep Guardiola, le musicien Andrea Bocceli, la chanteuse Achinoam Nini, le commissaire de la NBA David Stern et l’actrice Sharon Stone. Les futurs projets de YaLa y ont été discutés et finalisés. Ce fut un grand succès.

5) Quels sont les projets/ conférences à venir de YaLa-Young Leaders?

 Tout d’abord, nous avons obtenu une tribune hebdomadaire dans le Jerusalem Post. Chaque semaine va paraître un nouvel article écrit par un ou plusieurs membres de YaLa. Dans le domaine culturel, nous allons mettre en place un portail musical online qui permettra aux musiciens de la région de collaborer et de créer ensemble. Un autre projet assez original est celui qui concerne les jeux: il s’agira d’un site internet qui offrira la possibilité d’apprendre à développer des jeux et de constituer une équipe international de joueurs qui concourra avec d’autres dans l’optique de construire une nouvelle région virtuelle.

Enfin, notre projet phare est bien évidemment dans le domaine de l’éducation: la YaLa Academy sera un programme académique online destiné à former les leaders régionaux de demain au moyen de la technologie du e-learning pour une participation simultanée et interactive des membres. Larry Summers, ancien Ministre du Trésor américain, ancien président du Conseil Economique National de la Maison Blanche et président de Harvard a accepté de prendre la tête de notre comité consultatif pour la YaLa Academy et de nous faire bénéficier de son expertise afin que les professeurs des plus grandes institutions universitaires de la planète contribuent à l’excellence du programme. Au-delà de la formation académique, c’est un véritable réseau de jeunes dirigeants du Moyen-orient/Monde arabe qui sera créé.

Pour rejoindre le groupe : http://www.facebook.com/yalaYL

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