L’apartheid : une blague belge

À vous, les boycotteurs d’Israël : Apparemment, vous proposer de s’engager de manière aussi virulente et systématique pour venir en aide aux enfants syriens, de boycotter tout ce qui vient de Chine en vue de protester contre la politique du pays, ou de ne plus acheter aucune marque de prêt à porter qui exploite des mineurs n’a suscité de votre part qu’un enthousiasme modéré.

Changement de cap. Tu veux te révolter contre un pays aux trois langues officielles qui n’arrive pas à créer d’unité nationale depuis sa création ? Qui pratique sans vergogne et au mépris des décisions de justice de la cour européenne de la discrimination systématique ? Où le parti d’extrême droite appelle à la destruction de son propre pays pendant des manifestations houleuses ? Prends le Thalys, bienvenue en Belgique, l’autre pays de l’apartheid.

Quelques faits à savoir sur la belgique : créée en 1830, cet « état tampon » a trois langues officielles : le français, le flamand, et l’allemand. Malgré son slogan prometteur (« l’union fait la force »), les trois communautés se mélangent peu, et ont du mal à communiquer. Voici en quelques points des histoires belges qui n’ont rien à envier à Israël :

1/ Premier Bruxelles / Paris par la route. On traverse donc la Flandre et la Wallonie. Méfiez vous, les villes ne s’appellent pas pareil selon que vous êtes dans l’une ou l’autre de ces régions ! Concrètement, si vous empruntez la direction de Lille, et que vous suivez Lille jusqu’au bout, vous atterrirez dans l’adorable petit village flamand …du nom de Lille. Pour aller à Lille il faut suivre la direction de Rijsel. Pour Mons c’est Bergen. Nous aussi en Israël on pourrait faire des blagues, et traduire Hebron par Herzliya et voir qui retrouve son chemin !

2/ Première fois que je demande mon chemin à Gand : Gand, ses canaux, sa fiesta permanente, sa folie. Demander son chemin en français, c’est s’exposer à l’effet pigeon : vous ouvrez la bouche, et les gens s’enfuient comme des pigeons. Petite astuce pour votre prochain séjour aux fêtes de Gand, si vous êtes victime de l’effet pigeon, sortez une réplique d’une vulgarité infinie, si votre interlocuteur se retourne choqué, alors vous pourrez lui signifier qu’il n’avait qu’à pas être si con.

3/ « Wonen in eigen streek » : habiter dans sa propre région. Ce décret oblige les belges qui souhaitent habiter dans une des 69 communes flamandes à montrer patte blanche en cas d’acquisition d’un bien immobilier. Vous devrez en effet justifier d’une implication dans la vie communautaire, et/ou de connaissances linguistiques, et/ou de justifier de 6 ans minimum de séjour dans la dite commune. Un peu comme un vendeur de boîte qui te dit que c’est réservé aux habitués mais qui ne te laissera jamais rentrer pour être sûr que tu ne seras jamais habitué.

Alors… On fait quoi ? Quand le fondateur du vlam belang scande « meurs belgique meurs » à la fin d’un discours, on regarde ailleurs ? On arrête la leffe et les albums du chat par mesure de rétorsion ? On tricardise Stéphane de Groodt?

Évidemment que non. La Belgique n’est pas un pays parfait mais c’est un pays où j’ai passé quatre merveilleuses années. Les Belges sont conscients de leurs soucis internes, vivent avec, et via des initiatives locales essayent d’aller au delà des différences. Et d’une manière générale, les belges sont très sympas.

Messieurs « Israël terre d’apartheid », venez donc voir notre pays aux panneaux de circulation trilingues, demandez votre chemin en anglais, visitez nos hôpitaux où médecins et malades sont de toutes religions, sillonnez le pays où juifs, arabes, chrétiens, krishnas, tentent de cohabiter. Certes sans arriver à la perfection, mais en essayant de faire au mieux.

Et tant que vous n’êtes pas venus vérifier par vous mêmes, merci d’aller vous faire voir, une fois.

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