Le guet ou ces hommes qui enchaînent leurs femmes

Voici un sujet qui fâche: les femmes et le divorce. Ou en termes plus précis: les femmes et le guet. Ou en d’autres mots encore: oh là là là encore les femmes?? Qu’est-ce qu’elles nous emmerdent ?

Et oui on vous emmerde nous, les femmes qui demandons les mêmes droits que les hommes. Comme si cela était si simple que ça.

Parce que c’est vrai, ce n’est vraiment pas si simple que ça: le guet (le divorce religieux), à savoir la fin du mariage entre un Juif et une Juive, ne peut être sanctionné que par la parole de l’homme, car la femme, hélas, n’a pas le droit de divorcer de son mari. Ça peut paraitre incroyable, mais c’est vraiment ainsi: selon la Torah, seul l’homme peut donner à sa femme un guet et la libérer ainsi de leur lien, et seul l’homme, donc, peut permettre à sa femme de se reconstruire une vie, car si elle se remariait avant d’avoir eu son guet, le deuxième mariage serait nul aux yeux de la religion et tout enfant né de cette deuxième union serait mamzer (bâtard). Selon le Judaïsme, un mamzer ne peut épouser qu’un autre mamzer, et « vas-y pour en trouver un autre », j’ai envie de dire: pas si simple que ça.

Qu’est-ce qui se passe si l’homme, imaginons, n’est pas mamzer selon la religion mais « oh qu’il est bâtard! » selon les normes éthiques les plus basiques et qu’il refuse de donner le guet à sa femme? Qu’est ce qui se passe si le salaud en question se met, imaginons, à refuser à sa femme le divorce dans un Etat ou les affaires de famille sont gérées non pas par l’Etat, mais par le Rabbinat, comme par exemple en Israël?

Et ben voilà, c’est vite expliqué: la femme est enchainée! Et oui, enchainée: agounah, comme on dit en hébreu. Dans la merde, comme on dit en bon Français. Car elle ne peut rien faire: pas se remarier, pas obtenir un divorce civil, pas tuer son mari (c’est illégal, hélas). Rien de rien. Elle doit attendre que la foudre frappe le mari comme Saint-Paul sur la voie de Damas, ou que la foudre le frappe tout court. Bref, qu’il décide de lui concéder légalement le droit de ne plus jamais voir sa tronche, à moins qu’il soit connu et alors il va falloir qu’elle le voit un peu partout à la télé ou en photo. Mais bon s’il est connu, il ne refusera quand même pas le guet, histoire de ne pas se taper la hchouma (honte), si jamais ça se savait.

Donc voilà: femmes juives, épousez un homme connu, ce sera plus facile pour divorcer.

Ceci dit, il faut quand-même savoir qu’en Israël  les tribunaux rabbiniques peuvent, par la loi, essayer de « convaincre » l’homme de donner le guet à leur femme; les moyens de « persuasion » sont mutliples, allant de l’amende très salée (celle qui se paie pas celle qui se mange) jusqu’à la prison. Cela aurait du normalement suffire, mais certains représentants du genre masculin ont tellement à cœur de se soulager du malheur de leur épouse, qu’ils iraient jusqu’à mourir en prison plutôt que de divorcer (si si, ça s’est vraiment passé: 30 ans de prison et un mort, mais pas de guet). Pourquoi donc le tribunal rabbinique ne déclare-t-il pas la fin du mariage une bonne fois pour toutes, comme le tribunal civil le fait avec le mariage civil? Eh bien, parce qu’il ne peut pas. Ben non, il ne peut pas. Il ne peut pas je vous dis, peut pas c’est peut pas. Peut pas !!!

« Mais enfin ! Pourtant, il y a plein de loi de la Torah qui ont été modifiées par les rabbins » me direz-vous! Genre la mise à mort pour ceux qui allument un feu pendant Chabat, ou ceux qui ont un rapport homosexuel, ou ceux qui trompent leur femmes avec une autre femme mariée (non parce que la, ce serait une hécatombe)… et quand bien même elles n’auraient pas été modifiées,  ces lois ne sont de toute façon pas exactement suivies au pied de la lettre.  Pourquoi ne pas fermer un œil aussi sur cette histoire de guet alors? Ou même deux? En d’autres mots: pourquoi ne pas faire un pas en avant et laisser tomber cette histoire de mari-qui-donne-le-guet et femme-qui-est-dans-la-merde-si-son-mari-est-un-salaud-(et-j’en-connais-personnellement-beaucoup-qui-rentrent-dans-cette-categorie), en trouvant une solution halahically correct (la version juive du politically correct) une bonne fois pour toutes?

 

Allez-y, demandez à votre Rabbin 🙂

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