Nous avons decidé de nous attarder sur ce qui ressemble de loin beaucoup plus à une légende urbaine qu’à une réalité : « les communautés oubliées d’Israël »: zoom, clin d’œil sur des communautés parsemées et disséminées aux 4 coins de la planète, mais se réclamant à chaque fois du judaïsme ou des descendants des tribus d’Israël. Certaines de ces communautés ont été reconnues par Israël, d’autres se battent pour que ce soit le cas, afin le plus souvent de pouvoir bénéficier de la « Loi du Retour », et fuir leur pays dans lequel ils sont souvent persécutés.
Cette vidéo a été diffusée début 2012 sur internet. Un simple enregistrement amateur d’une bande de Papous de Nouvelle-Guinée en train de chanter le Shema Israël (« Ecoute Israël »), tube central des traditionnelles prières au sein de la religion juive.
Toute une tribu, en tenue guerrière se rappelant de manière solennelle au souvenir de leurs ancêtres juifs…
Juste un problème…quel est le lien entre ces individus vivant dans la province occidentale de la Papouasie-Nouvelle-Guinée éloignés de plusieurs milliers de kilomètres de la Terre Sainte et le Judaïsme?
L’une des 10 tribus perdues
Et pourtant …
Ils se réclament de la tribu des Gogodala (25000 têtes) en rapport direct avec l’une des dix tribus perdues de l’époque biblique.
C’est un anglais, le professeur Tudor Parfitt, qui le premier met le doigt sur un potentiel lien entre ces Papous et une tribu du sud de l’Afrique, les Lembas (cf notre article : »Les juifs d’Afrique noire » ). Les membres de cette communauté rurale, établie principalement au Zimbabwe, affirment eux aussi descendre d’une « tribu perdue » du royaume de Salomon. Il existerait peut-être un gène commun au peuple juif et chez les Lembas. Parfitt a fait le même constat pour les Papous. Afin de concrétiser ses recherches, il est parti à leur rencontre en 2003. Quand il arrive dans la tribu, les Papous organisent une cérémonie en son honneur . Les hommes de la tribu ont tous peint sur le front une étoile de David ou le drapeau israélien et comme en témoigne la vidéo entonnent en cœur solennellement l’ensemble du répertoire religieux juif.
Parfitt apprendra de la bouche même des Papous, que ceux-ci auraient vécu en Israël, le long du Jourdain. Ils ont même donné un nom à cette région : « Tala » . Celle-ci est répertoriée parmi d’autres sites sur une carte géographique où figurent d’autres noms à consonance non hébraïque. Selon la carte, ils seraient originaire d’un point situé entre Metula et Tibériade, renommé par eux : « Kulumusu » ; D’ailleurs dans leur langage, la Galilée est devenue Gwailé…
L’histoire…leur histoire racontent qu’ils auraient quitté Israël, ( « Isalé » dans leur vocable) en 400 av-.J-C, par la Mer rouge avant de traverser le Pacifique.
Une autre version émet l’hypothèse que leur origine juive serait liée à l’éventualité de naufrages de navires transportant des passagers juifs.
L’explication
Les tests génétiques au final ne permettent pas de certifier l’origine juive des Godolas . Pourtant 90% des membres de cette tribu ne jurent que par Israël et n’ont de cesse que de vivre leur judaïsme .
Au point même par exemple qu’à Yom Ha’atzmaout (fête de l’indépendance israélienne) des milliers d’entre eux défilent dans les rues des grandes villes, drapeaux israéliens à la main. La circoncision, la Cacherout , la salutation par « Shalom » ou Pessah ferait partie des rites suivis.
En 2007, les Gogodalas ont même été reçus en Israël,
Aujourd’hui, de manière plus concrète on pense que ce « lien » aurait été crée de tout pièce par les missionnaires australiens chrétiens essayant de convertir les Papous au christianisme, entre la Première et la Deuxième Guerre Mondiale.
Mieux encore, ce lien aurait été mis en évidence par ces missionnaires car ils jugeaient que les Godolas « ressemblaient à des Juifs ». Eu égard à la période, on comprend qu’entre ces « clichés et les stéréotypes faciaux véhiculés sur les juifs à l’époque il n’y a pas loin.
Au final il apparaît que l’idée des « Tribus Perdues » est un concept assez répandu dans cette zone du Pacifique , toujours par les missionnaires chrétiens en pleine démarche de prosélytisme. Usant de l’Ancien Testament , des écritures hébraïques pour ce faire, exactement de la même façon que le fait l’Eglise Méthodique.
Quoiqu’il en soit, il n’existe pas réellement de judaïsme en Nouvelle Guinée ». La moitié occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Guinée Occidentale, (la Papouasie-Nouvelle-Guinée constituant la moitié orientale de l’île) constitue un territoire indonésien musulman.
Sources :
– Consistoire Israélite de Marseille :
(2434)