Amis parisiens, pour qui je tremble depuis ce terrible vendredi 13, il va falloir changer vos habitudes. Jusqu’ici votre plus grande crainte quand vous sortiez était de vous faire piquer votre téléphone par un gamin, ou de vous réveiller seul(e) le lendemain. Cela va changer.
Hier, sur iTélé, la journaliste Laurence Haïm expliquait que les français vont devoir vivre dans la crainte permanente d’un attentat, bref, vivre à l’israélienne. Mais au fait… en quoi cela consiste ? Il est vrai que le pays est malheureusement habitué aux sirènes, explosions, kamikazes et autres attaques. Voici ce que vous pouvez en retenir :
1. L’effet post traumatique.
Comment ça va depuis vendredi ? Mal ? C’est normal. Vous vous retournez à chaque fois qu’une porte est claquée ? Vous dévisagez les gens dans la rue ? Vous sursautez si l’on vous demande l’heure à un arrêt de bus ? Vous ne pouvez même pas voir un épisode de Grey’s Anatomy sans penser à toutes ces victimes ?
C’est n o r m a l. Vous êtes en état de choc. Pour cela, pas besoin d’avoir été sur place. Le principe de ce type d’attaque, c’est qu’il est très facile de se projeter : les victimes, ce sont vous et moi. Quand les bus et les terrasses de café explosaient à Tel Aviv, les gens se dévisageaient dans la rue (mais continuaient à vivre, nous en reparlerons). L’été dernier, quand il y avait les alertes aux roquettes, la moindre sonnerie nous faisait sursauter. Le sommeil s’est fait aussi plus léger.
Alors si vous vous jetez à plat ventre sous une table de café à l’approche d’une Harley, en tous cas sur les 2/3 prochaines semaines, c’est normal. Si les symptômes persistent, pensez à consulter : des cellules de prise en charge psy post traumatiques ont été montées pour l’occasion.
Les premiers temps, il va y avoir plein de fausses alertes. D’ailleurs ces derniers jours, plusieurs lieux publics ont été évacués, il y a eu le mouvement de panique République/ Marais… faites attention aux rumeurs et aux informations non vérifiées. Avec le temps, cette hystérie collective va retomber, laissant la place aux nouveaux réflexes.
2. Les nouveaux réflexes
Vous n’allez plus vivre comme avant. Les effets post traumatiques vont s’atténuer, mais là, dans un coin de votre tête, vont rester les nouveaux réflexes, la nouvelle vigilance. En Israël, on n’y a pas été de main morte : mur de sécurité, points de contrôles, détecteurs de métaux même à l’entrée du mac do… la sécurité est partout. Pendant la seconde intifada, des cafés proposaient même aux clients de majorer les consommations pour financer le salaire d’un “shomer”, vigile qui protégeait les consommateurs.
Vous n’en êtes pas là. Mais n’empêche, la vigilance va dorénavant être de mise.
3. Demain n’existe pas ?
C’est ce qui marque le plus quand on se frotte (et pique) à la jeunesse israélienne : demain est un “concept”. Tout pouvant s’arrêter, il faut vivre, et à fond. Vous faites partie de ces gens qui ont serré leurs enfants plus fort dans les bras ces derniers jours ? Attention, la prochaine étape c’est de devenir bilingue mère juive. On ne s’arrête pas de vivre, au contraire. Ce n’est pas que l’on a “pas peur”. Bien sûr que cela fait peur de savoir qu’une armée invisible shootée au calgon peut frapper n’importe où et n’importe quand. Néanmoins, cela n’arrête personne de vivre.
Il est normal d’avoir passé quelques jours en pyjama devant itélé (voir point 1), mais la vie reprend ses droits.
Les israéliens ont cette force de vie incroyable. Le pays est petit, les attaques sont nombreuses. Ici, tout le monde connait au moins une victime de la guerre ou des attentats. Et ce pays est en vie. Il déborde même de vie. Et attire touristes et immigrants.
Amis français, maintenant que vous avez tous compris qui était l’ennemi, restez unis, formez vos bataillons… et tous à l’apéro !
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