Le sport et Israël, c’est je t’aime moi non plus, c’est l’histoire du p’tit mec, gros, laid et moche qui pense être convaincu que la nature l’a dotée du physique de Schwarzenegger avec la classe de George Clooney. Si je devais donner un antonyme à Israël, ce ne serait pas politesse mais sport.
Pour retrouver trace des prémices de cette histoire d’amour vache, il faut remonter à l’épisode de Hannouca et de la victoire des Maccabées sur les troupes grecques d’Anthiochus IV des Séleucides. Cet événement a largement marqué la relation des juifs, puis plus tard celle des israéliens, avec le sport, et ce, pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, il fallait lutter contre l’assimilation à savoir qu’il était inconcevable pour une mère de Maccabées de laisser son fils devenir homosexuel et se balader avec le sexe à l’air comme le bel Apollon grec. « T’y es fou mon fils, aurait-elle crié ». Tels nos matriarches, Sarah, Rivka, Rahel et Léa, elles avaient déjà anticipé les protestations des futures antisémites du XXIème qui auraient trouvé le moyen de rajouter un prépuce à toutes les statues des musées de la planète.
De plus, il a fallu huit jours aux juifs de l’époque pour analyser la stratégie de leurs adversaires. Près d’une semaine pour comprendre que les Grecs arrosaient leurs victoires avec des coupes aux grandes oreilles, des trophées, des plateaux à salades, du vin, de la bière, des femmes et des orgies. Nous, on se contente comme disait mon grand-père, «du pain et des olives et on est les plus heureux du monde », eh bien, en huit jours, les Maccabées ont vaincu les Grecs grâce à leur humilité et une fiole d’huile. Outsider éternel et déjà flambeur ces Maccabéens.
Eh bien, 2500 ans plus tard, on en parle encore sur toute la surface du globe et toutes les équipes arborant fièrement la Menora sur le cœur demeurent fidèle à cette tradition qui dit que chaque victoire sportive d’un juif ou d’un israélien tient du miracle et doit être diffusé sur tous les médias de la terre.
Plusieurs exemples viennent corroborer ce fait historique.
En premier lieu, les Juifs ont crée leurs propres Jeux mondiaux de sport qu’on évitera d’appeler Olympique car, mot compte double pas cacher, et surtout on n’a jamais vu Olympe se mélanger à David Benchimol sur une piste d’athlétisme. Les Maccabiades ont, surtout, vu le jour, en 1932 car l’aspect physique des Juifs dérangeait les descendants d’Anthiochus. C’est vrai qu’avec leur nez crochu et leur odorat très développé, tous ces juifs auraient pu déjà déceler des traces de stéroïdes anabolisants.
Oui, chez nous, point de problème de dopage, le sport est propre, clair comme de l’eau de figue. A ce propos, lors de la seule participation israélienne à la Coupe du Monde de football au Mexique en 1970, on aurait, vraiment, cru voir évoluer l’équipe réunissant les piliers du Kiddouch du samedi matin. Malgré une belle campagne de qualification et une victoire en barrage contre l’Australie, le 14 décembre 1969 (décidément, tout se passe au mois de décembre), la formation du regretté Emmanuel Schieffer s’est offerte une petite semaine de vacances sous le soleil de Mexico, il y a pire comme destination, avec tout de même un but à la clé face à la Suède avec cette frappe de Mordekhai Spiegler.
La frappe de l’ancien joueur du Paris Saint Germain, c’est comme la fiole d’huile de Hannouka, c’est un miracle. D’ailleurs, à chaque fois que « Motele » Spiegler raconte son but, il est à deux doigts de faire la bénédiction « cheassa nissim laavotenou bayamim aem bazeman aze ». Ne faudrait-il pas, d’ailleurs, qu’il l’a prononce pour envoyer la sélection israélienne de football participer à une autre Coupe du Monde ?
43 ans maintenant que la fiole d’huile miraculeuse s’est malheureusement éteinte pour le football israélien. Il y a bien eu quelques retours de flamme notamment le 13 octobre 1993 à Paris au Parc des Princes où la bande à Rony Rozenthal est allée doucher les espoirs de Mondial américain de la France de Jean Pierre Papin en allant s’imposer 3 buts à 2. Ce soir là, les israéliens étaient pour « une fois sur d’eux et dominateurs » et ont enterré le Général de Gaulle une deuxième fois sous la pelouse du Parc.
Six ans plus tard, même lieu, même heure, à peu de choses près, cette fois les israéliens avaient pris l’apparence de petits hommes verts et dans le rôle de Mattatiyahu, Yossi Benayoun. C’était en 1999, au temps où les Chalalas exhibaient leur Maguen David habillés du Bombers de l’armée d’Israël avec la pochette Steve’s Pack en bandouillère. « Nos Israël vivra, et nos Israël vaincra » ont surement bien aidé le Maccabi Haîfa à renverser le grand Paris Saint Germain. Huit ans plus tard, c’est l’Hapoel Tel-Aviv, qui croquera le PSG sur cette même pelouse du Parc. Paris, ville lumière, c’est sans doute ce qui inspire encore les descendants des Maccabées lorsqu’ils posent le pied dans la capitale française.
Mais toutes ces victoires d’un soir ne constituent que des feux de pailles à côté de l’empire du soleil du jeudi soir aux alentours de 20h45. Et comme dans toute histoire juive, la tradition reste en famille. La fiole d’huile incandescente demeure encore, jusqu’à aujourd’hui, la propriété du Maccabi. Des Maccabées dotés de super pouvoir d’adresse, de détente, de force, de puissance. On les confondrait presque avec l’armée d’Anthiochus, mais non, pas de doute, ils sont les fidèles représentants d’Israël sur la planète basket.
Le quartier général du Maccabi basket se situe dans la ville de la lumière arc-en-ciel, Tel Aviv. Nous aurions pu penser que Jérusalem aurait sied à graver le Maccabi dans la pierre de l’Histoire du sport, mais entre le noir et le blanc, les jaunes auraient eu bien du mal à se faire une place.
Et pourtant, cette histoire a vu le jour sur les écrans gris des télévisions israéliennes. Nous sommes en 1977 et le Maccabi Tel Aviv affronte les soviétiques du CSKA Moscou. L’histoire se répète, l’armée grecque prend, cette fois, les habits de l’armée rouge. L’URSS soutient alors les pays arabes qui rêvent de rayer Israël de la carte. La rencontre sur le papier s’annonce déséquilibrée. Or, « cheheyanou vekeyemanou veiguianou lazeman aze », le miracle opère de nouveau, 2000 ans après leurs aînés, le cinq majeurs du Maccabi illumine de sa force et de son talent le parquet de Virton en Belgique, terre d’accueil d’un soir. Un succès 91-79 sur les soviétiques qui fait dire à Tal Brody, l’arrière américain des jaunes, une phrase devenue légendaire dans le sport en Israël : « Anakhnou al amapa ve anakhnou nicharim bamapa, lo rak besport aval beakol » (Traduction en français, « Nous sommes sur la carte et nous resterons sur la carte, pas seulement dans le sport mais aussi au-delà »).
En prononçant ces quelques mots bénis du D-ieu, l’enfant de Trenton aux Etats-Unis est devenu le Yéhouda Maccabé des temps modernes, le monsieur géographie israélien, le messager d’Israël. Jusqu’à cette phrase, les israéliens pensaient que le sport se résumait au bruit des Matkots (Raquette de plage) sur la plage. Ils pensaient que le mot « mapa » ne devait être employé que pour dresser le couvert. Mais Tal Brody a changé le cours de l’histoire du sport en Israël. Le Maccabi Tel Aviv par ses exploits à travers l’Europe a enfanté la judokate Yael Arad, première médaillée israélienne aux Jeux Olympiques des Grecs, c’était en 1992 à Barcelone. Il y a eu aussi le véliplanchiste Gal Friedman, premier champion olympique israélien, c’était toujours en Grèce à Athènes en 2008. Depuis ce printemps 77, le petit gros laid et moche a fait des efforts pour masquer ces tares, il s’est embelli, pour prendre, parfois des allures d’Appolon grec ou d’Arnold Schwarzenegger. Un physique beau grand et élancé qui plait tellement à la plus belle de ces femmes qui s’appelle, elle, ni Bar, ni Monica mais Israël.