Jour du souvenir: »Un Rendez-Vous Manqué/ Yair Lapid »

Ils n’atteindront pas le grand concert de l’amour

Bien qu’ils aient appris par cœur toutes les paroles et les mélodies des chansons usées,
répétées en boucle avec une bande-son élimée.
Quand les lumières s’allumeront,
et que l’orchestre se mettra en scène
Ils ne seront pas là, portant des bougies allumées.

 

Ils ne diront jamais «Je t’aime»
Bien qu’ils aient répété ces mots sans cesse

Sous le ciel étoilé de la base militaire, devant le miroir sale de la douche,

sacrifiant leurs derniers moments de sommeil.
Quelqu’un d’autre lui dira ce «Je t’aime»
Car ils ne seront plus là pour le faire.

 

Ils ne voyageront pas vers le désert et le vent
Ils n’allumeront plus jamais un feu-de-camps,
Et ne sortirons plus leur guitare pleine d’autocollants,
Oubliant le 2eme couplet du chant.  

Ils n’écouteront jamais le prochain CD de Poliker, qu’ils aiment tant,

Le livre “Cent ans de solitude” restera à jamais ouvert à la page 100,

Ils ne repasseront plus jamais l’examen qu’ils ont échoué auparavant.

 

Portant l’uniforme en pierre
Toujours au garde-à-vous
L’unité peut aller se reposer
Car ils ne partent nulle part lorsqu’ils meurent.

 

Nous nous souvenons de qui ils étaient
Mais nous déplorons

ce qu’ils ne seront jamais.

 

Ils ne se marieront pas
Et n’auront pas d’enfants
qui apprendront à marcher
et surtout à ne pas tomber

Ils n’appelleront plus pour prévenir qu’ils arrivent ce soir

Ou pas,

Et que c’est inutile de leur laisser à manger de côté, d’accord papa ?

 

Ils ne mentiront plus en disant que tout va bien

Qu’ils ont assez d’argent et besoin de rien.
Par habitude, on leur laissera la clé de la voiture,

mais personne ne la récupérera.

Du bataillon, ils seront les seuls a ne pas rendre leur équipements,
Ils ne seront jamais plus perdus, alors ne t’inquiète pas maman,

Ils n’apprendront plus.
Pas à la fac

ni à la Yeshiva

et ni l’université  de la vie
Bien qu’ils aient encore tellement de choses a apprendre,

Surtout sur eux-mêmes …

 

Nous nous souvenons de qui ils étaient

Mais nous déplorons

ce qu’ils ne seront jamais.

 

 

 

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