Ca s’est passé il y a quelques jours à Bnei Brak, dans le bus.
Chain Weiser, une femme ultra-orthodoxe a refusé de céder sa place, et d’aller à l’arrière comme il leur est souvent « conseillé »…histoire d’éviter le harcèlement et l’humilation.

 

Chain raconte :
«Habituellement, quand nous arrivons rue Ezra je suis déchirée entre deux choix. 
D’un côté, histoire de ne pas faire d’histoire, de ne pas provoquer de retard, et l’arrivée de la police, elle pense à aller à l’arrière.

 

D’un autre côté, elle sait que  rien n’est écrit à ce propos dans la loi juive .
«  Pourquoi devrais-je cautionner une coutume bizarre et dégradante qui m’impose de telles restrictions ? Je choisis donc de rester sur mon siège, mets mes écouteurs en essayant d’être la plus polie et la plus agréable – et surtout d’être invisible. », raconte Chain.

 

“Mais ils ne me laissent pas faire.  Chaque semaine, des Haredim font de moi une Rosa Parks. Je me souviens qu’une fois j’ai même fini par fondre en larme (…) mais j’ai tenu bon…je n’ai pas bougé… »

 

Un mythe Haredi raconte que ce sont les femmes ultra-orthodoxes qui choisissent de leur plein gré de s’asseoir à l’arrière de l’autobus. Chain Weiser est rédactrice en chef du Haredi blog “Ha’agala” (“The Wagon”) – le nom fait allusion à une métaphore religieuse, celle d’un wagon plein et un wagon vide. 

“Je ne suis pas une féministe,” dit-elle. «Je ne crois pas à l’égalité des droits. Je comprends parfaitement la bénédiction dans laquelle un homme rend grâce à Dieu pour n’avoir pas fait de lui une femme. »
Je reconnais ma place dans la hiérarchie sociale juive, et je ne désire pas mettre les téfilines ou prendre la place d’un homme dans le leadership. 
Non, juste ça, cette toute petite chose- je n’aime pas être assise à l’arrière de l’autobus.

 

«Même si personne ne s’adresse pas directement à moi, ils me regardent, ils chuchotent et murmurent. Dans le pire des cas, ils me crient dessus, mais en général, ils se contentent de me demander juste de passer à l’arrière…et me font me sentir comme une pécheresse quand je ne le fais pas. »

 

Quand ils me demandent: «  Pourriez-vous passer à l’arrière, aux places spécifiques pour les femmes », je réponds poliment« non », et je leur explique qu’il n’existe rien de tel dans la loi juive.

«Parfois, je leur montre le bel autocollant Egged (nom de la compagnie de bus) sur lequel est écrit qu’il est interdit de perturber les passagers au sujet de leur emplacement, ce à quoi ils me répondent : « Ce ne sont pas nos lois. Nous avons les lois de la Torah ».

 

«Récemment, je commencé à leur dire:« Mon rabbin m’a donné son accord », mais cela n’a rien changé .
Parfois, même les femmes me demandent de passer à l’arrière, et quand je refuse, me traitent de personne grossière et impertinente, en n’omettant pas de rajouter que de cette façon je ne trouverai jamais quelqu’un dans ma vie. «  Mais sérieusement! De quel droit ces gens m’imposent leurs propres restrictions ? »


Il faut savoir, qu’à Bnei Brak, des bus sont spécialement affrétés pour s’arrêter dans les zones Haredi, et donc sautent délibérément les arrêts dans les zones non-Haredi, même les principaux arrêts. La prolifération de ces lignes endommage gravement la qualité du service pour les personnes non-Haredi.

 

Le Centre de Recherche et d’Information de la Knesset a même constaté que ces lignes de bus, ne desservent pas certains arrêts importants parce que ceux-ci ne sont pas dans ou à proximité de zones Haredi, et cela alors même que le ministère des Transports règlemente l’arrêt à ces stations.

 

Un rapport de Février 2010 établi par le groupe Hiddush, a constaté qu’il y avait au moins 63 lignes de bus « Haredi » officielles en Israël et 10 non officielles. Cela représente au moins 2.500 trajets par jour.

 

La Haute Cour tient une part de responsabilité dans ce phénomène. Au début 2011, en réponse à une pétition par le Centre d’Action Religieuse d’Israël, la Cour a statué que la ségrégation dans les bus était illégale, mais que les passagers pourraient volontairement l’instituer. Le résultat: Depuis, officiellement il n’y a pas de ligne de « ségrégation sexuelle »…officiellement.

 

Il ya trois ans et demi, la Haute Cour a ordonné au ministère des Transports de procéder à des inspections régulières des lignes de bus soupçonnés de ségrégation, mais le Centre de Recherche et d’Information de la Knesset à découvert que le ministère ne les réalisait pas.



Article traduit et librement adapté du journal Haaretz : http://www.haaretz.com/news/israel/.premium-1.666140

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