Après avoir payé votre taxi 2500 shekels pour un trajet de 2mn30 et votre petite salade en bord de mer au prix du smic d’un émir saoudien, vous vous interrogerez naturellement sur la manière dont les israéliens réussissent à survivre dans un environnement aussi dispendieux. “Mais c’est pas que tout est cher, te repondra l’israélien lambda, c’est juste que tu t’es fait entuber…”. On vous aura donc pris pour un “frayer”… un pigeon en hébreu. Vous venez donc de le découvrir et comme M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, vous vous faisiez avoir… sans le savoir.
Le frayer (ou pigeon) n’est donc pas qu’un sympathique volatile, mais il s’agit, comme en France, de celui qui se fait avoir. En Israël, on en distingue deux: le touriste et le olé hadash.
Nous avons décidé de vous faire partager quelques unes de nos solutions (bien évidemment toutes testées sur le terrain) afin de vous defrayeriser, que vous soyez touriste ou olé.
Le touriste:
1) Acceptez donc cet état de fait.
Solution de facilité qui nécessite d’avoir les moyens de pouvoir payer tout au triple du prix. Je sais, c’est lâche, mais en même temps, vous êtes français…
Je vous rassure, ce n’est pas une spécificité israélienne, et il vous arrivera exactement la même chose dans d’autres pays (souvent du Moyen-Orient… on vous parle d’expérience).
2) Arrêtez de lancer tous les signaux afin de vous faire frayeriser.
Vous n’en avez pas conscience (ou peut être que si), mais les français donnent envie qu’on les pigeonne. Et moi-même qui ne suis israélien que depuis 2 ans et demi, lorsque je vois certains français, en vacances sur la plage de Tel Aviv, il me prend une envie irrésistible de leur vendre un appartement en bord de mer (dont je ne suis évidemment ni propriétaire, ni mandaté pour le vendre). Faites un effort, parlez français, mais moins fort, ne faîtes pas comme si TOUT Israël ne survivait que parce que vous passez 2 semaines de vacances par an dans notre beau pays… Vous pourriez le penser à la limite si vous nous achetiez du matériel militaire…
3) Parlez russe.
La simple maîtrise du russe peut vous permettre de réduire de 50% votre niveau de frayerisation. Je vous le concède, s’en sortir avec les 6 déclinaisons et les différentes formes verbales de la belle langue de Tolstoï est plus compliqué que de résoudre un Sudoku de niveau 4 (et pourtant, j’ai même du mal en niveau 3, mais là n’est pas le sujet). En parlant russe, vous passerez automatiquement pour quelqu’un de moins riche que vous ne l’êtes en réalité… je sais, c’est dégueulasse, mais c’est comme ça.
4) Arrêtez de penser que tout le temps tout le monde veut vous arnaquer.
Le simple fait d’avoir l’air soupçonneux donne envie de vous pigeonner. Très logique pourtant: Je ne veux pas t’arnaquer, mais tu penses que je veux le faire, donc tu crois que je suis malhonnête, je trouve ça dégueulasse, pour la peine je vais t’arnaquer… Si vous n’avez pas compris alors passez au magasin, j’ai des trucs à vous vendre, je vous fais un super prix.
5) Mais retirez donc cette chemisette ouverte, enlevez moi ces trois tonnes de bijoux, ces Ray-Ban “Sarko-style”, ce pantalon beige en lin et ces mocassins… et en plus la kippa, ça se voit que tu ne la portes pas tous les jours.
Oui, si on te voit débarquer comme ça, c’est comme si tu portais au-dessus de toi un panneau avec des néons “Je veux me faire avoir”.
Vous aurez remarquez que ce point ressemble au point numéro 2… c’est normal, mais comme tu as tendance à te faire pigeonner facilement, il faut insister sur certains points.
Le olé hadash:
1) Les conseils pour les touristes valent aussi pour les olim hadashim.
2) Arrêtez donc de vous dire “Comment ça, même entre nous, on fait ça alors qu’on est venu vivre avec eux…” Ah bon? Car si on arnaque un non-juif c’est acceptable? Acceptez donc le fait que malgré son caractère exceptionnel, Israël est AUSSI un pays normal, et vous vous apercevrez qu’au fond, le sentiment de se faire frayeriser vient autant de la réalité, que de votre sentiment d’injustice exacerbé par le “ça se passe entre nous”. Comme le disait Ben Gurion “Nous serons un pays comme les autres quand nous aurons aussi des prisons”… ou quelque chose de ce genre.
3) Vérifiez tout. Ce n’est pas parce que vous êtes en Israël que ça vous dispense de faire ce que vous feriez en France: comparez, posez des questions…
4) Israël est certes un pays très très libéral, mais il y a aussi un droit du travail. Donc pas la peine de tout accepter. On n’a pas fui l’esclavage en Egypte pour le retrouver en Israël!
5) Vous avez aussi des droits sociaux. Bon… c’est vrai, ils sont super bien cachés, mais avec une baguette de sourcier et une boule de cristal vous les trouverez (si si, je vous assure).
6) Ne signez aucun contrat que vous ne comprenez pas… et si vous devez le signer, LE conseil: écrivez à coté de votre signature en français ou en anglais “Je ne comprends pas le document que je signe”. Devant un tribunal, en cas de litige, vous gagnerez forcément grâce à cette simple mention (J’aurais bien aimé le savoir avant de signer avec ces e….. de P…phone)
Voilà mes chers amis, que vous soyez Olé ou Touriste (mais de toute façon frayer), ne me remerciez surtout pas, c’est bien naturel…
En revanche ces conseils ne sont pas gratuits, et vous pouvez me faire parvenir vos chèques, mandats et autre virements directement à StreetIsrael. Vous voulez pas? Désolé, mais maintenant que vous avez lu ces conseils, vous êtes obligés, promis, y’a un article de loi israélien, je vous le retrouve tout de suite le temps que vous envoyez l’argent…
(6486)