[avatar user= »sophie.roots » size= »thumbnail » align= »left »]Sophie Taieb[/avatar]
On est comme ça chez Rootsisrael, on a beau être sous les roquettes, coupés du monde (merci Air France), ce qui nous inquiète aussi et surtout, c’est la situation des juifs de France. Nous avons été choqués par les images de la Roquette, abasourdis par celles de Barbès, effarés par celles de Sarcelles. Il faudrait d’ailleurs que cela s’arrête bientôt car nous allons manquer de superlatifs.
Nous avons lu ici et là des explications et analyses de nos confrères, nous avons reçu des propositions de textes de tous bords, et aujourd’hui, nous souhaiterions avec vous, décrypter et analyser les différentes pistes d’explication à ces émeutes urbaines d’un nouveau genre.
1. La Roquette : la faute à la LDJ ?
Synagogue de la Roquette, 13 juillet. Plusieurs dizaines de personnes, en marge du cortège d’une manifestation pro Gaza (pro hamas ?), se ruent vers une synagogue où se déroule un office pour la paix. Les insultes fusent (« israel assassins » d’un côté, et « palestine on t’encule » de l’autre). Cocktails molotovs, haches, couteaux. Les CRS, débordés, font appel à du renfort. Les fidèles sont coincés dans la synagogue, paniqués. Les divers services d’ordre mettent plusieurs heures à libérer les fidèles.
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Manifestants pro-palestiniens décidés à en découdre rue de la roquette, s’armant de chaises et de poubelles et autres projectiles, dans le but d’attaquer la synagogue (explosion de cocktail molotov à 2:57)
Pendant ces quelques heures, CRS, SCPJ, Bétar et LDJ repoussent les assaillants de ce qui aurait pu se transformer en massacre.
Au sortir des affrontements, groggys, choqués, l’ensemble de la communauté salue le travail exemplaire de toutes les forces mises en œuvre pour éviter le drame. Oui, même le bétar et la ldj. Ne nous méprenons pas. Ce ne sont pas des enfants de chœur. Ils ont par plusieurs fois traité l’auteur de cet article de « suceuse de palos » et autres noms d’oiseau. Néanmoins, et le son de cloche est le même chez les forces de l’ordre, la LDJ s’est comporté de manière exemplaire ce jour-là.
Le lendemain de cette agression, on commence à lire ici et là que la LDJ a provoqué cet affrontement. Qu’ils ont appelé à la violence sur les réseaux sociaux. Qu’ils ont hurlé « Palestine on t’encule » et que cela aurait provoqué les manifestants.
Que les choses soient claires. Nous ne cautionnons aucune politique d’incitation à la haine, et à l’affrontement. Même si au lendemain d’un OM/PSG, on n’a jamais vu des marseillais essayer de détruire Paris suite à une série de « Marseille Marseille, on t’encule ».
Néanmoins, nous avons pris la décision de refuser le papier d’un militant juif parisien, non présent à la Roquette, qui nous expliquait dans une lettre ouverte, certes bien écrite, que ses « frères de la LDJ et du bétar » lui faisaient honte.
Parce que ses « frères », ce jour-là, se sont battus comme des lions pour protéger une synagogue.
Parce que d’un côté comme de l’autre, des tweets ont fusé, mais qu’après enquête, il s’avère que le premier tweet de provocation a été lancé par Greg Pasqueille, (vous vous souvenez ? Déporter un sioniste, c’est lui. Depuis il récidive sur une nouvelle page http://tinyurl.com/nn8a7w3). Sur twitter, entre les vrais et faux profils, les provocations et les extrêmismes décomplexés, chacun voit nazi à sa porte.
Mais en l’occurrence, force est de constater que cet épiphénomène de tweets provocateurs ne peut expliquer des dizaines de personnes qui prennent d’assaut une synagogue pour casser du juif.
2. La faute à l’interdiction ?
Barbes, 19 juillet. Des milliers de personnes se rendent à une manifestation interdite.
Arrachent le bitume.
Brûlent des drapeaux israéliens sous des cris de joie.
Brandissent des drapeaux du Jihad et du Hamas.
Hurlent des slogans anti juifs.
Agressent les forces de l’ordre.
A cette manifestation : islamistes, front de gauche, casseurs. Un mélange d’irresponsables à l’indignation sélective qui desservent la cause des civils palestiniens en provoquant des scènes de guerre civile.
Au lendemain de cette manifestation, les médias et réseaux sociaux s’interrogent : est ce que l’interdiction de la manifestation a provoqué ces violences ?
Est-ce que l’interdiction d’une manifestation peut « excuser » des violences telles que celles constatées à Barbes ? Que se passe-t-il en France pour qu’hommes politiques et casseurs se retrouvent en plein cœur de Paris au sein d’une émeute ? Et pour qu’aucun des protagonistes ne prennent le temps, au lendemain de la manifestation, pour se désolidariser des manifestations de haine et d’antisémitisme le plus primaire ?
Sarcelles, quelques jours plus tard, des manifestants brulent un magasin juif. Rentrent dans les immeubles et frappent aux portes équipées de mezouzot et menacent les habitants. Sarcelles. La petite jérusalem. Les juifs présents sur place, héroïques, se rassemblent et chantent la marseillaise.
Peut-on envisager sérieusement que du fait que ces rassemblements n’étaient pas autorisés, ces violences s’expliquent ?
3. La faute aux médias ?
Vous connaissez notre position concernant certains médias. Entre désinformation (merci Le Monde, iTélé, BFM, 20minutes…), et laisser-aller sur les réseaux sociaux, ces médias entretiennent l’importation du conflit israélo-palestinien en France, et participent à le transformer en guerre de religion.
La page facebook d’iTélé est une foire aux « nazislamistes », qui peuvent sans être ni modérés, ni évidemment bannis, dire tout le bien qu’ils pensent d’Hitler. Le comportement de cette chaine est, rappelons le, illégal, dangereux, et irresponsable (rappel à la loi Gayssot)
Alors, à qui la faute de ce qui pourrait se transformer en guerre civile ? Les tweets de la LDJ ? Le gouvernement qui autorise certaines manifs et en interdit d’autres ? Les médias qui jouent avec le feu ?
Raté. Ce qui se passe, c’est de la faute de chacun. Chaque manifestant est responsable. Coupable.
Chaque casseur qui prend une barre de fer pour défoncer une voiture ou une cabine téléphonique est responsable. Ce n’est ni la faute des médias, ni de la LDJ, ni des parents, ni de Taubira, ni de l’éducation nationale.
Ces individus nombreux, armés, haineux, dangereux, doivent être arrêtés et jugés comme des personnes responsables de leurs actes, pas comme des « jeunes qui ont dérapé ». Ils ne servent en rien la cause palestinienne, et n’ont rien à voir avec des mouvements pacifistes. Il est grand temps de les mettre hors d’état de nuire. Il est grand temps que les hommes politiques qui se mêlent à eux rendent des comptes. Pour les juifs de France, et pour l’ensemble des français !
Etes- vous pour la création d’un Etat Palestinien?
Salut
Très belle article, je suis tellement heureux de vous lire, lire jssnew, juif.org ou regarder i24 new…tellement ras le bol de nos médias, leur propagande, leur compassion pour l inaceptable, leur « Israel bombarde gaza, des dizaines de civils palestiniens mort »!…
« Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose »!…La Fontaine.
Merci pour votre blog et vos commentaires. Je suis français, vivant à Paris et vient de décider de quitter mon pays (pour l’asie) suite aux événements récents. Si je peux me permettre quatres remarques.
1/ Le drame c’est que malgré les évènements récents (et on peut les faire remonter à la mort d’Ilan Halimi, en passant par la tuerie de l’école de Toulouse), les autorités comme les médias, ne reconnaissent toujours pas que i/ c’est devenu dangereux d’être juif en France aujourd’hui, ii/ il s’agit d’un problème franco-français. L’antisémitisme augmente, la violence anti-juive se banalise. Que le prétexte ou la source soit l’antisionisme ça n’a rien à voir.
2/ Le gros problème de fond, qu’apparemment personne ne voit, c’est que l’antisémitisme en France ne se limite plus aujourd’hui à un problème de banlieusard. J’ai pu constater avec surprise ces derniers jours, que beaucoup de Français « de souche », à force d’approximation (ou de biais) des médias français, a/ condamnent Israel et ne voient pas en quoi le hamas est condamnable, et b/ estiment que les juifs français portent une responsabilité dans l’importation du conflit et donc « comprennent – sans la cautionner- la violence envers eux ». Le problème c’est que cette analyse vient essentiellement d’inexactitude et de biais dans les médias français.
3/ Donc je suis en désaccord avec votre conclusion. Les médias français ne sont pas professionnels et ont une lourde responsabilité dans l’antisémitisme grandissant. Il est urgent de faire reconnaitre ce problème, d’abord, par un travail de répertorisations des « erreurs ». Puis de porter plainte auprès du CSA par exemple sinon auprès d’une cours européenne des droits de l’homme pour incitation passive à la haine raciste.
Par exemple la semaine dernière pendant trois jours on a entendu sur toutes les chaines que Israël avait bombardé l’hôpital de gaza, puis un expert sur le plateau de l’émission « c’est dans l’air » a précisé que l’hôpital de gaza était utilisé pour stocker et tirer des missiles par le hamas. Bien sur aucune chaine TV n’a corrigé ce petit oubli. Autre exemple, « le monde » a en ce moment sur son site une petite video de 5 min sur le conflit à gaza. Ils expliquent que le hamas a deux armes; 1/ les missiles, 2/ les tunnels. Mais nul part ils expliquent que le hamas utilise des tactiques de terrorisme d’annihilation (comme al quaeda) – qui visent à tuer des cibles civiles de façon indiscriminée et donc sans aucun lien avec des actes ou une appartenance (officiels du gouvernement ou militaires) contrairement à d’autres organisation terroriste à cible militaire. (Je fais référence ici à la distinction existant dans « just and unjust wars » chap 12 by m. walzer »).
4/ Pour finir, il faut admettre que l’attitude du CRIF qui ne trouve rien de mieux à faire en ce moment que d’appeler à une manifestation de soutien à Israël est non seulement irresponsable mais surtout tactiquement stupide. Sa priorité devrait être de faire reconnaitre la responsabilité des médias français dans la vague de violence anti-sémite en France. Le CRIF devrait profiter des evenements recents pour demander aux autorités francaises de donner des guidelines professionnelles aux médias (voir ci-dessous). En effet par cet appel actuel aux soutien à Israel, le CRFI ne fait que conforter les médias, hommes politiques et autres qui justifient les violences anti-juives par la théorie de l’importation du conflit et par le prétendu soutien aveugle et systématique des juifs à Israël… comme si les juifs français se réjouissaient des victimes civiles palestiniennes.
Le hamas est une organisation terroriste nihiliste qui prend sa population civile en otage, qui tire des missiles a partir d’école et d’hopitaux. L’ONU vient d’ailleurs de nouveau de condamner le hamas pour crime de guerre (Pilay). Tant que l’on entendra pas ces réalités extrêmement importantes sur les médias français, l’antisémitisme grandira.
Je viens de me relire – désole pour l’orthographe (je suis tellement énervé…).
+ Juste un petit complément:
5/ D’ailleurs et c’est la que c’est également une erreur stratégique pathétique. Si l’objectif du CRIF est véritablement de soutenir Israël, rien ne peux plus y contribuer que d’avoir une couverture impartiale et professionnelle du conflit israélo-palestinien… en ligne avec les standards des autres démocraties occidentales. Et donc par ce biais permettre de faire comprendre aux « masses » la vraie nature du hamas. C’est uniquement par ce biais que les autorités françaises pourraient ensuite par exemple s’opposer aux « boycott » anti-israel mis en place par l’Union Européenne.
[La troisième intifada est médiatique (lire tom friedman nyt). Elle a aboutit aux boycott de l’UE. C’est quand même sans précédent. Tsahal après des années de passivité s’est enfin mis à communiquer plus efficacement, mais il faut aller beaucoup plus loin dans la recherche d’une couverture médiatique irréprochable et impartiale, parce qu’il y a encore beaucoup trop « d’oublis » et d’approximations aux conséquences dangereuses.]