Il est faux de dire que la vie continue. 

On répète toujours cette phrase, alors que ce n’est pas vrai.
Quand tu perds quelqu’un, ta vie, telle que tu l’as connue, est finie à jamais.

Ta famille reste la tienne, mais ce n’est plus la tienne.
Tes parents sont différents.
L’ordre dans lequel vous êtes assis autour de la table chaque diner de Vendredi a changé.
L’album du dernier voyage familial rempli de photos marrantes,

est devenu un album de commémoration.

 

Il est faux de dire que la vie continue.
Les gens te posent une question simple comme «Comment vas-tu?» et tu sais qu’ils veulent dire, «Nous savons», ou bien «Nous sommes là pour toi”.  
Chaque fois que tu es triste, tout le monde essaye de t’encourager, et tu ne réussis pas à leur dire que tu n’as pas besoin de soutien.
Tu veux seulement enfouir ta tête sous le coussin.

 

Il est faux de dire que la vie continue.
Même toi tu n’es plus la même personne que tu étais avant.
Tu deviens celle qui a perdu son frère.
Tu deviens celui qui en regardant le film « Aladin », se souvient seulement avec qui il l’avait vu la première fois.

Lorsque tu ris, on dit que tu as réussi à surmonter la douleur ;
Lorsque tu t’occupes de choses et d’autres, on dit que tu es devenu plus mature.
Et si tu voyages pour plus de deux semaines, on dit que tu fuis la dure réalité.

 

Il est faux de dire que la vie continue.
Même tes souvenirs s’amenuisent et tombent dans l’oubli.
A chaque fois que tu racontes une histoire, tu te demandes comment l’appeler : « Mon frère », ou « Mon frère décédé », ou bien « Mon frère z”l ».
Parfois, tu préfères le retirer complètement de l’histoire, afin d’éviter l’embarras des autres.

De temps en temps tu rencontres un ami qui a passé quelques années à l’étranger.
Il te demande comment va ton frère, et tu lui réponds qu’il n’est plus avec vous.
Et tu te retrouves en train de le calmer et de le consoler, en lui disant que la vie continue.

Mais ce n’est pas vrai.

La vie ne continue pas. Elle s’est arrêtée et a recommencé,

Différemment. 

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