Avant que je commence cette histoire, il faut que vous sachiez que je m’appelle Sarah, que j’ai 31 ans et que j’habite à Tel Aviv depuis 10 mois. Je peux y aller maintenant…

C’est marrant comme parfois on peut s’identifier à des gens qu’on connait peu. C’est comme si les premiers regards, les premiers rires, les premiers mots ouvraient directement une fenêtre sur leur âme et sur leur cœur. Comme si leur histoire était là, imbriquée dans la vôtre. Comme un reflet dans un miroir d’eau, un peu flou mais bel et bien ressemblant.

Mais comment peut-on savoir ça en quelques minutes. Est-ce que c’est quand on se connait mieux, avec les années, qu’on reconnait mieux en l’autre les points communs. Ou, au contraire, est ce que c’est quand on ne se connait pas encore et qu’on laisse faire la spontanéité, l’intuition, le langage du corps et du cœur.

Dites donc je parle comme une veille moi…c’est grave doc ? La crise de la trentaine diront certains, de la maturité bla bla bla … d’autres diront que c’est la crise d’ados à retardement (je suis la première à me placer plutôt dans cette team).

Mais bon, elle est belle l’adolescence à 30(+1) ans, oui ‘j’arrive toujours pas à écrire 31, je trouve qu’il sert à rien ce 1.

Bref, revenons à notre sujet sur l’identification. Et si on pouvait aussi d’identifier à une terre, comme à une personne ? Et si c’était ce qui m’arrivait avec la terre d’Israël ?

Alors pour un endroit, J’ai envie de me poser les mêmes questions. Qu’est ce qui fait que l’on s’identifie ? Est ce qu’il s’agit des premiers rires qu’on entend dans ses vallées, des premiers mots qu’on prononce dans sa bouche … euh dans sa langue qui sont essentiels ?

Tout ça a une saveur incomparable, non ? Celle de la nouveauté me direz-vous ? Et bien, « pas que »… Pour ma part, je sais que je n’y suis jamais allé, donc ça serait nouveau, mais la Lettonie, ça me vend pas du rêve, j’ai pas d’étoiles dans les yeux en y pensant.

Notre étoile justement, revenons-y.

L’étoile d’Israël, ça va paraitre cliché, mais on dirait bien qu’elle brille dans mes yeux, dans mon cœur, dans ma vie… alors c’est parce que je connais mieux le pays ? Que je ME connais mieux ?

La première fois que je suis « tombée amoureuse d’Israël » c’était à 22 ans. Car au premier regard, pour ne rien vous cacher, j’avais 16 ans, et  on a eu du mal à s’apprivoiser lui et moi… Il faut dire que j’en avais 16, il en avait 51, ça aurait fait un peu pédophile quand même.  C’est vrai que la différence d’âge entre 22 et 57 ans est beaucoup plus acceptable. Enfin bref, si ça se trouve, j’aime les vieux et je le sais même pas, ça y’est c’est officiel je suis angoissée !

Et pourquoi j’associe l’identification avec le fait de tomber amoureux, ça j’en parlerai en petit comité, dans mes rêves, avec Freud, si vous le voulez bien …

A 22 ans, je m’étais aussi identifiée au fait d’être ici et d‘ailleurs, au mythe (qui n’en est pas un quand on écoute un peu les histoires des gens ici) du juif errant. A la diversité dans l’unité. Des rêves de jeunesse surement, et un reste de passé EI bien ancré dans mon présent et dans mon avenir. Tout le monde les fesses dans la boue, et « G.od help us » comme dise les ricains…

Et puis, faut dire, le coté pays d’immigrés, à la cool, à la roots, ça se passe de commentaire mais c’est appréciable…. On est accueilli et on nous aime comme on est, ça fait plaisir je vous le dis ! Pas de jugement, pas de prise de tête, ça change de la vie parisienne ! Bon ok ils ne savent pas faire les mojitos mais on peut pas tout avoir.

Aujourd’hui, je ne suis plus si jeune, vous l’aurez compris, et donc je m’identifie et j’aime le pays de façon différentes. Par sa complexité et ses contradictions, lui qui est si moderne et si archaïque à la fois. Pour sa population complexe et plein de contradiction aussi. Pour tous ses côtés, doux mais épicé, pluriel et singulier, adoré et détesté… adorable et détestable.

Non, je peux pas écrire ça,  je ne vois ce qu’il y a à détester dans une terre et un peuple qui a construit un pays en seulement 65 ans. Tous les autres vieux peuvent aller se rhabiller, moi c’est à celui-là que je m’identifie et à qui je veux ressembler plus tard !

 

 

 

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