[colored_box color=”eg. blue, green, grey, red, yellow”]Note de l’auteur : pièce de théâtre biblique vaguement romancée en 3 actes . Tous les éléments relatés sont entièrement vrais. Toute similitude avec des personnages existants ou des évènements actuels ou récents n’est pas fortuite du tout[/colored_box]
Avant-propos
Si l’on se marie 3 fois avec la même femme, soit l’on n’a pas compris son erreur, soit on est complètement bourré à Las Vegas en face d’un faux Elvis Presley sur le retour.
Ou alors… on est en Israël…
Ma vision d’un mariage: Jean, détendu, quelques proches, une cérémonie vite fait bien fait, deux bouteilles et quelques gobelets en plastique pour fêter tout ça.
Sa vision du mariage: belle robe de mariée, costard pour moi, grande cérémonie avec marche nuptiale, grand buffet dans le jardin d’une villa italienne.
Inutile d’aller plus loin dans l’antagonisme…La solution: le multi-mariage…
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Scène Un
– Tchik-Tchak –
Au commencement, Jour Un, c’était un vendredi 13, à 13h dans la mairie du 13ème arrondissement de Paris. Je suis content… Je suis en jean, je porte juste une chemise. On a un peu couru pour arriver à l’heure à la mairie. Elle est habillée comme moi… comme tout les invités d’ailleurs, une petite vingtaine de nos amis et de nos familles. Ambiance forcément détendue. La cérémonie se déroule rapidement, un discours de l’adjoint au maire et quelques lectures d’articles de lois sur nos devoirs plus tard, nous sommes mariés civilement.
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Scène Un
– Je suis pire qu’un juif de kippour… je suis un juif de Noël. –
Jour Deux… deux jours plus tard, deuxième mariage, le dimanche 15. Synagogue de la rue Copernic.
A l’époque celle qui était depuis civilement ma femme depuis deux jours avait effectué sa conversion chez les libéraux de l’ULIF, avec son célèbre rabbin anglais Michael Williams.
Autant pour la conversion, elle avait été préparée, autant pour le mariage, nous n’avions eu le droit en tout et pour tout qu’à un « Suivez simplement le mouvement ».
Comme tout bon juif assimilé, les seuls juifs que je connaissais étaient moi, ma mère et mes frères, et le scénario d’un mariage juif nous était particulièrement flou… voire carrément obscur. J’y allais comme un aveugle sans canne, ni chien que l’on envoie sur un champs de mine.
– Comment ça se passe?
– Attends, je regarde sur internet…
– Ça dit quoi?
– Bah… pas grand chose.
Je passais la nuit avant le mariage chez mon frère… Je n’ai jamais aussi mal dormi. Mais putain, qu’est ce que je dois faire pendant ce mariage?? Y’a pas un texte à dire? A apprendre? Non? Que dalle?
Scène Deux
– Un mariage juif… sans juif, c’est possible ? –
Le jour du mariage, je suis en costume, elle est en robe blanche de mariée, on arrive ensemble. On est arrivée juste à l’heure, on a failli être en retard. Une cinquantaine d’invités. On me sépare de celle qui est déjà ma femme pour la première fois depuis deux jours et qui va le devenir pour la deuxième fois dans quelques minutes. Avant de rentrer dans la salle de la synagogue, le rabbin vient me voir:
– Vous savez s’il y a dix juifs pour minyan?
– Je regarde: moi, lui, le responsable des offices, mes frères… ça fait cinq… si on rajoute les femmes (et oui, on est chez les libéraux) ça doit faire huit…
– Euh… non.
– C’est pas grave, je suis rabbin, je peux compter pour plusieurs, me répond-il avec un éclat de rire.
Je me mets (ou plutôt on me dépose) sous la Houpa. Je suis dans un état un peu second… non, pas l’émotion du mariage, mais toujours cette question: Qu’est ce qu’il se passe dans un mariage juif? Y’a pas une oreillette qu’on peut me mettre pour me souffler mon texte? Non… rien, sauf cette impression d’être dans un Grand Huit dans le noir. Tu sais qu’il va se passer un truc qui va secouer, mais tu sais ni quoi, ni comment.
Tout d’un coup, l’orgue, la marche nuptiale… je suis surpris… « Comme dans les films! » fut la première idée qui me vint en tête. La seconde étant « Je crois que c’est le second mariage auquel j’assiste dans ma vie. »
Entracte – la pièce reprend la semaine prochaine…
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