[avatar user= »Lizzie » size= »thumbnail » align= »left » link= »https://rootsisrael.com/auteur/lizzie/ » target= »_blank »]ELISABETH PHILIPPE[/avatar]
Ce dont on ne se lasse pas, c’est des battles ashke contre sef.
Et aujourd’hui, on a voulu voir ce que ça donnait sur le registre des insultes.
Quand il est question d’insultes séfarades, je me dis que là, on passe aux choses sérieuses.
Faut dire que les sef, ils rigolent pas avec les insultes.
Enfin si, il est de tradition que l’insulte sef fasse exploser de rire celui qui la formule, mais pour ma part je ne l’ai jamais vraiment comprise. Littéralement. Car de fait, l’insulte sef est en arabe, alors forcément, elle a toujours bénéficié du filtre parental.
Ou plutôt du semi-filtre parental.
Car chez moi, on était d’accord pour la traduire (parce que c’est drôle), mais pas intégralement (parce que c’est grave).
Du coup, on m’a enseigné que :
- « mzrob » c’est « bâtard… mais en pire. » ;
- « nikoumouk » on prétendait ne pas savoir mais on me glissait que « mouk, ça veut dire mère » ;
- « nardine »… Et bien personne n’a jamais voulu se risquer me traduire nardine, c’est off limit.
Ce qui certain, c’est que l’insulte sef, c’est celle qui sait taper où ça fait mal.
Et s’il est vrai qu’on y trouve parfois une touche de poésie substituant l’image de « ta mère » par celle d’un cafard, on est quand même souvent dans le vif du sujet.
D’une certaine manière, c’est le reflet de l’authenticité, à la séfarade. Celle qui ne s’embarrasse pas de fioritures et qui n’a pas peur des mots puisqu’elle sait rire de tout.
Donc forcément, s’il est question d’authenticité, pour les ashkénazes, on n’est pas sur le même registre.
Autant au niveau de l’humour, on est complètement conquis par la touche pince-sans-rire-ènième- degré qui les caractérise, autant niveau insultes, de prime à bord, il y a de quoi s’interroger.
Parce qu’un ashkénaze vraiment vénère, ça ressemble à quoi ?
Si on considère que le calme et la réserve sont des caractéristiques intrinsèques à leur personnalité, c’est assez dur à concevoir.
D’ailleurs, on a tous déjà vu un ashkénaze contrarié, et il faut dire qu’on est rarement dans l’extériorisation de sentiments balagan style.
Perso, quand mon père veut nous montrer qu’il est vraiment, mais alors vraiment par content, il arrête de parler pendant six jours et noie sa rage dans les bocaux de cornichons polonais (à plus de deux par jour, c’est à l’entourage de réagir).
Pourtant l’insulte ashkénaze existe, et de ce simple fait, elle n’est jamais anodine.
Contrairement à l’insulte sef qui, même lorsqu’elle maudit toute ta famille de cafards (ascendants et descendants compris), se veut juste affective.
Contrairement à l’insulte sef qui, même lorsqu’elle maudit toute ta famille de cafards (ascendants et descendants compris), se veut juste affective.
Pour illustrer, opposons deux notions à peu près similaires, à savoir un hmal (littéralement « un âne ») et un schmock (un « nigaud »).
Et bien un hmal, ce n’est pas un schmock.
Car le hmal, c’est simplement toi qui oublie tes clefs ou moi qui allume une cigarette à l’envers.
C’est pas super grave d’être un hmal.
Par contre le schmock, lui, il a des questions à se poser.
Car quand un ashkénaze désigne un schmock c’est un peu comme si sa sagesse avait détecté un problème de fond.
Et si finalement, la force de l’insulte ashkénaze, n’était pas l’insulte elle-même mais le fait que précisément, elle soit formulée par un ashkénaze ?
Bon, mais ne nous emballons pas. Comme je sais que vénérer les ashkénazes, c’est un peu mon côté hmala, j’ai voulu être sure de ne pas passer à côté de quoi que ce soit. Du coup, j’ai cherché à palier mon manque de connaissance en matière d’insultes yiddish en me lançant dans une investigation plus poussée (et oui, chez Roots, on badine pas avec l’info).
J’ai commencé par interroger mon ami roux qui mange du Gefilte fish à Rosh Hashana (prend ça Morano)
Il m’a dit : « Je sais qu’à chaque fois que je demandais à mon père ce qu’il y avait à diner, il me répondait « drek mit leibe » qui signifie « de la merde et du foie » »
J’ai trouvé ça génial.
Mais ce n’est pas une insulte.
Du coup, j’ai continué en interrogeant mon ami Google.
Et là, c’est le graal. La boite de Pandore.
Le site des insultes en yiddish « you need to know » qui s’ouvre à moi.
Et puisque j’ai eu accès à ce qu’ils nous cachent, à mon tour, je vous en livre le secret.
1- L’insulte ashkénaze est qualitative et choupinette
Mon top 2 : « Alte Makhsheyfe » qui veut dire « vieille sorcière », et « Meeskait » qui veut dire « petit moche ».
Celles là, c’est comme schmock, littéralement elles font bondir personne, mais se l’entendre dire sur le ton de l’ashkénaze, face au regard de l’ashkénaze, ça doit pas être une balade en calèche.
2- L’insulte suprême existe
Je l’ai trouvée.
Celle qui peut complètement test la vocifération séfarade acharnée niveau nardine bouk nardine bebek.
Celle qui rend imaginable une confrontation verbale à chaud entre Jérôme Bensoussan (mais si, tu sais, Jérôme, ce mec à qui il ne faut « pas la faire à l’envers » parce que sinon sur la vie de sa mère il va te défoncer… « nardine ») et Jérôme Bernstein (encore un Jérôme. Et encore un juif. Coincidence ? Je ne crois pas.).
J’ai nommé : « Lign in drerd un bakn beygl! ».
Qui signifie « repose six pieds sous terre et fais toi cuire un bagel! »
Alors je sais pas pour vous, mais moi, je laisse personne parler comme ça de mon bagel.
Quelque chose à rétorquer ?