Juifs de Syrie Juifs de Syrie

Il y a eu des juifs en Syrie ?

Les Juifs de Syrie, c’est une histoire qui remonte à plus de 2 000 ans. Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de cette communauté autrefois prospère, concentrée dans des villes comme Alep, Damas et Qamichli. Les premiers Juifs sont arrivés dans cette région durant l’Antiquité, peut-être depuis l’époque du roi David, et leur présence s’est consolidée après l’exil babylonien. Leur héritage a traversé les âges, mais les tumultes du XXe siècle ont scellé leur destin.
Juifs de Syrie

Les Juifs de Syrie, c’est une histoire qui remonte à plus de 2 000 ans. Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de cette communauté autrefois prospère, concentrée dans des villes comme Alep, Damas et Qamichli. Les premiers Juifs sont arrivés dans cette région durant l’Antiquité, peut-être depuis l’époque du roi David, et leur présence s’est consolidée après l’exil babylonien. Leur héritage a traversé les âges, mais les tumultes du XXe siècle ont scellé leur destin.

Alep et Damas : joyaux du judaïsme syrien

Juifs Syrie 1920
Juifs Syrie 1920

Alep et Damas ont longtemps été les centres névralgiques de la culture juive syrienne. Alep, célèbre pour sa synagogue et son précieux Codex d’Alep – l’un des manuscrits bibliques les plus anciens – incarnait la richesse intellectuelle et spirituelle de la communauté. Damas, quant à elle, était un pôle dynamique de marchands et d’érudits.

Sous l’Empire ottoman, les Juifs de Syrie vivaient un âge d’or relatif, jouissant d’une autonomie en tant que dhimmi (protégés). Mais cet équilibre a basculé au XXe siècle. Les pogroms, les discriminations, et surtout la création de l’État d’Israël en 1948, ont déclenché un exode massif. Les émeutes anti-juives, comme celles d’Alep en 1947, ont détruit des synagogues, des maisons et des commerces. Le Codex d’Alep, miraculeusement sauvé des flammes, a été secrètement transféré en Israël, devenant un symbole de résilience.

L’âge d’or et le début du déclin

Pendant l’époque ottomane, les Juifs de Syrie ont connu une certaine prospérité grâce à leur statut de dhimmi (protégés). Mais au 20e siècle, la situation s’est radicalement transformée. La montée du nationalisme arabe, la création de l’État d’Israël en 1948, les discriminations et les pogroms ont marqué le début d’un exode massif. Des milliers de familles ont fui, principalement vers Israël, les États-Unis, la France et l’Amérique latine, laissant derrière elles un patrimoine millénaire.

Les persécutions et l’exil

Le vote de l’ONU pour le partage de la Palestine en 1947 a provoqué des émeutes anti-juives, notamment à Alep, où synagogues, maisons et commerces furent détruits. Le Codex d’Alep, miraculeusement sauvé des flammes, a été secrètement transféré en Israël. Après la guerre des Six Jours en 1967, les conditions de vie des Juifs en Syrie se sont encore aggravées. Ceux qui sont restés vivaient dans un régime de quasi-prisonniers, surveillés et marginalisés.

Un tournant tragique : Elie Cohen et ses répercussions

Elie Cohen
Eli Cohen est pendu dans un des squares très fréquentés et connus de Damas, le square Al Marjeh, le 18 mai 1965 à 3 h du matin. Son corps restera pendu au gibet toute la journée, recouvert d’un drap où ont été inscrits son nom, son prénom et les raisons de l’exécution publique.

L’exécution publique d’Elie Cohen, célèbre espion israélien d’origine syrienne, en 1965, a marqué une cassure brutale. Cet événement a exacerbé la méfiance envers les Juifs restants en Syrie, perçus comme des complices potentiels d’Israël. Ils étaient confinés dans un statut de quasi-prisonniers, sous surveillance constante, privés de droits fondamentaux, et soumis à des restrictions draconiennes.

La guerre des Six Jours en 1967 a encore détérioré leur situation. La haine et les soupçons les ont poussés à fuir clandestinement, souvent au péril de leur vie. Beaucoup ont compris qu’ils n’avaient plus d’avenir dans une Syrie de plus en plus hostile.

Une fin de communauté

Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de Juifs en Syrie. Quatre pour être précis. En 2023, Albert Kamou, président de la communauté juive de Damas, est décédé à l’âge de 80 ans. Il était l’un des cinq derniers Juifs du pays. Né et ayant toujours vécu à Damas, il veillait sur les cimetières juifs et la synagogue locale tout en servant de lien avec le monde extérieur. Sa disparition marque une étape symbolique dans l’extinction de cette communauté millénaire.

Une diaspora florissante malgré tout

Les descendants des Juifs de Syrie, majoritairement établis à Brooklyn, New York, et dans d’autres grandes villes, ont su préserver leur identité unique. Ils perpétuent leurs traditions religieuses et culturelles, et le Codex d’Alep, aujourd’hui conservé à Jérusalem, reste un témoignage poignant de leur histoire. La communauté, bien que dispersée, continue de faire vivre un héritage riche à travers la cuisine, les rituels et les récits transmis de génération en génération.

Un rappel de résilience

L’histoire des Juifs de Syrie, marquée par des tragédies mais aussi une capacité inouïe d’adaptation et de survie, est un puissant rappel de résilience. Même si la communauté en Syrie n’existe pratiquement plus, son héritage, porté par la diaspora, reste vivant et vibrant. Leur expérience met en lumière l’importance de préserver les traditions et d’honorer une histoire qui continue de résonner bien au-delà des frontières de la Syrie.

19e siècle Une bouteille de vin fabriquée à Alep à la fin du 19e siècle par Rachel Haber et sa famille avant leur émigration vers les États-Unis. Ils prévoyaient de l’ouvrir à leur arrivée.
1901 Une famille juive à Damas, photographiée dans leur ancienne maison damascène, dans la Syrie ottomane, en 1901.
Photographie d’un mariage juif à Alep, en 1914, par le photographe arménien Derounian. Hommes, femmes et enfants sont tous habillés à la mode européenne, sauf un membre de la famille portant le fez. Le Dr Alex Russell, médecin, a assisté à de nombreux mariages à Alep au 18e siècle pendant son séjour dans cette ville. Il a observé ce rituel lors d’un mariage juif : « La mariée est assise dans un fauteuil ouvert, au milieu d’un divan ouvert ou alcôve, avec trois énormes cierges de cire peinte brûlant devant elle. Elle est couverte d’un voile de gaze rouge, à travers lequel son visage et sa robe sont assez clairement discernables. Elle est richement vêtue de soies vénitiennes et, en plus des bijoux d’or habituels, elle est ornée de pierres précieuses et d’une profusion de perles. » (Extrait de L’Histoire naturelle d’Alep, Londres, 1794).
Juifs de Syrie.
Joseph Aboudi (en bas à gauche) à l’école de l’Alliance Israélite Universelle à Alep, Syrie, vers 1935.
Sara (Marcus) Shayo et Albert Shayo en Syrie, vers 1940.
Un groupe d’amis juifs à Alep, Syrie. 1941
Degel HaTorah Talmud Torah à Alep. Morris (tenant un livre) et Yaakov Zafrani sont au centre. 1947.
Alep rapporte la destruction par le feu d’une Bible ancienne lors d’une émeute Par Associated Press DAMAS, Syrie, 12 décembre — L’émir Moustapha Shehabi, gouverneur d’Alep, a rapporté aujourd’hui au ministre de l’Intérieur qu’une Bible ancienne, l’une des plus précieuses connues à ce jour, avait été incendiée et détruite lors des récentes émeutes antisémites. Le journal d’Alep Attaqqaddon, reçu ici, indique que les émeutiers ont mis le feu à une synagogue vieille de 2 750 ans ainsi qu’à sa précieuse bibliothèque de manuscrits, à plus de 150 maisons, cinquante boutiques, dix autres synagogues, cinq écoles et un orphelinat situés dans le quartier juif. Le Dr Alexander Marx, bibliothécaire au Séminaire Théologique Juif, a déclaré que la destruction de cette ancienne Bible représentait une « perte irréparable. » Expliquant qu’il s’agissait du manuscrit le plus important de la Bible hébraïque préservé à ce jour, il a indiqué que l’Université Hébraïque de Jérusalem avait prévu de l’utiliser comme base pour une nouvelle édition moderne de la Bible hébraïque. (Publié le 13 décembre 1947 par le New York Times)
Bahsita Talmud Torah à Alep, Syrie, vers 1955.
Photo d’élèves de l’école (juive) Maïmonide prise le 9 février 1991 à ‘Amārah al Juwwānīyah, Damas, Syrie. Cette école se trouvait dans la maison historique Lisbona à Damas. La photo a été prise peu avant l’exode de la majeure partie de la communauté juive syrienne restante en 1992.
Des Juifs syriens prient dans la synagogue Ades. Connue comme un centre de hazzanout syrienne (chant liturgique juif syrien), Ades est l’une des deux seules synagogues au monde à maintenir la tradition syrienne ancienne des Baqashot, un marathon de chants kabbalistiques tenu aux premières heures du matin de Shabbat pour accueillir le lever du soleil pendant les mois d’hiver.
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