Les Juifs de Syrie, c’est une histoire qui remonte à plus de 2 000 ans. Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de cette communauté autrefois prospère, concentrée dans des villes comme Alep, Damas et Qamichli. Les premiers Juifs sont arrivés dans cette région durant l’Antiquité, peut-être depuis l’époque du roi David, et leur présence s’est consolidée après l’exil babylonien. Leur héritage a traversé les âges, mais les tumultes du XXe siècle ont scellé leur destin.
Alep et Damas : joyaux du judaïsme syrien
Alep et Damas ont longtemps été les centres névralgiques de la culture juive syrienne. Alep, célèbre pour sa synagogue et son précieux Codex d’Alep – l’un des manuscrits bibliques les plus anciens – incarnait la richesse intellectuelle et spirituelle de la communauté. Damas, quant à elle, était un pôle dynamique de marchands et d’érudits.
Sous l’Empire ottoman, les Juifs de Syrie vivaient un âge d’or relatif, jouissant d’une autonomie en tant que dhimmi (protégés). Mais cet équilibre a basculé au XXe siècle. Les pogroms, les discriminations, et surtout la création de l’État d’Israël en 1948, ont déclenché un exode massif. Les émeutes anti-juives, comme celles d’Alep en 1947, ont détruit des synagogues, des maisons et des commerces. Le Codex d’Alep, miraculeusement sauvé des flammes, a été secrètement transféré en Israël, devenant un symbole de résilience.
L’âge d’or et le début du déclin
Pendant l’époque ottomane, les Juifs de Syrie ont connu une certaine prospérité grâce à leur statut de dhimmi (protégés). Mais au 20e siècle, la situation s’est radicalement transformée. La montée du nationalisme arabe, la création de l’État d’Israël en 1948, les discriminations et les pogroms ont marqué le début d’un exode massif. Des milliers de familles ont fui, principalement vers Israël, les États-Unis, la France et l’Amérique latine, laissant derrière elles un patrimoine millénaire.
Les persécutions et l’exil
Le vote de l’ONU pour le partage de la Palestine en 1947 a provoqué des émeutes anti-juives, notamment à Alep, où synagogues, maisons et commerces furent détruits. Le Codex d’Alep, miraculeusement sauvé des flammes, a été secrètement transféré en Israël. Après la guerre des Six Jours en 1967, les conditions de vie des Juifs en Syrie se sont encore aggravées. Ceux qui sont restés vivaient dans un régime de quasi-prisonniers, surveillés et marginalisés.
Un tournant tragique : Elie Cohen et ses répercussions
L’exécution publique d’Elie Cohen, célèbre espion israélien d’origine syrienne, en 1965, a marqué une cassure brutale. Cet événement a exacerbé la méfiance envers les Juifs restants en Syrie, perçus comme des complices potentiels d’Israël. Ils étaient confinés dans un statut de quasi-prisonniers, sous surveillance constante, privés de droits fondamentaux, et soumis à des restrictions draconiennes.
La guerre des Six Jours en 1967 a encore détérioré leur situation. La haine et les soupçons les ont poussés à fuir clandestinement, souvent au péril de leur vie. Beaucoup ont compris qu’ils n’avaient plus d’avenir dans une Syrie de plus en plus hostile.
Une fin de communauté
Aujourd’hui, il ne reste qu’une poignée de Juifs en Syrie. Quatre pour être précis. En 2023, Albert Kamou, président de la communauté juive de Damas, est décédé à l’âge de 80 ans. Il était l’un des cinq derniers Juifs du pays. Né et ayant toujours vécu à Damas, il veillait sur les cimetières juifs et la synagogue locale tout en servant de lien avec le monde extérieur. Sa disparition marque une étape symbolique dans l’extinction de cette communauté millénaire.
Une diaspora florissante malgré tout
Les descendants des Juifs de Syrie, majoritairement établis à Brooklyn, New York, et dans d’autres grandes villes, ont su préserver leur identité unique. Ils perpétuent leurs traditions religieuses et culturelles, et le Codex d’Alep, aujourd’hui conservé à Jérusalem, reste un témoignage poignant de leur histoire. La communauté, bien que dispersée, continue de faire vivre un héritage riche à travers la cuisine, les rituels et les récits transmis de génération en génération.
Un rappel de résilience
L’histoire des Juifs de Syrie, marquée par des tragédies mais aussi une capacité inouïe d’adaptation et de survie, est un puissant rappel de résilience. Même si la communauté en Syrie n’existe pratiquement plus, son héritage, porté par la diaspora, reste vivant et vibrant. Leur expérience met en lumière l’importance de préserver les traditions et d’honorer une histoire qui continue de résonner bien au-delà des frontières de la Syrie.