Certains d’entre vous l’ignorent, mais la mafia juive, celle que l’on surnommait la Kosher Nostra (en comparaison à la Cosa Nostra, mafia sicilienne) était un des milieux les plus actifs du grand banditisme organisé américain. « Il était une fois en Amérique » ça vous dit quelque chose ? Mais si ! THE film de référence en la matière. Avant d’aller plus loin dans cet article, nous ne pouvons nous empêcher de vous repasser le trailer de ce film d’antologie, afin de vous mettre directement dans l’ambiance. Vous êtes prêts ?
A présent que vous êtes bien dans le bain, continuons
Mais quel rapport avec le jazz nous diriez-vous ? On y arrive justement !
Saviez-vous qu’Al Capone dit Scarface (le Balafré), vouait une véritable passion au jazz ? C’est à ce titre, que le plus célèbre mafieux de tous les temps, finançait depuis 1913 les plus grands jazzmans américains. Alphonse Gabriel Capone ne faisait là que reproduire une tradition déjà bien ancrée aux Etats-Unis. En effet, il était de coutume, que chaque mafieux prenne sous sa protection un jazzman. C’est un fait, trois cabarets sur quatre étaient dirigés par la pégre.
Pour la petite histoire, on raconte que Legs Diamond, dit Gentleman Jack, le mafieux irlandais et proprio du célèbre Cotton Club de New-York laissa à un certain Duke Ellington un pourboire de 2000 $ pour juste entendre son morceau favori « Saint Louis Blues ».
Alors qu’expliquent les noces entre la mafia et le jazz ?
Pour comprendre, il faut remonter aussi loin que la guerre de Sécession. Vers 1870, les sudistes viennent de se prendre une raclée par les Yankees, et du coup développent une susceptibilité à toute épreuve contre ceux qui pour eux ont justifié la guerre… les noirs. La frustration était si importante, que les anciens esclavagistes n’entendaient pas se contenter de la communauté nouvellement affranchie. Déjà pas très « sympas » avec les noirs, ils décident de mettre dans le même paquet Ritals du sud de l’Italie, et Juifs d’Europe centrale, nouvellement portés dans leurs contrées par une énorme vague d’immigration.
Du coup, les deux communautés d’immigrants, mises au ban, décident d’entrer en clandestinité, en se livrant aux trafics en tous genres.La Mafia vient de voir le jour.
En parallèle, les noirs créent des bars tout aussi clandestins, sortes de tripots, où ils se réunissent en musique et en choeurs, pour exorciser leurs âmes des séquelles de la répression féroce exercée à leur encontre.
Ces bars deviennent peu à peu, le repère des minorités opprimées, et toute une faune éclectique y noue des liens qui deviendront avec les années solides et ancestraux.
On y verra naître les précurseurs du jazz, les véritables pionniers qui livraient leurs musique clandestine aux mafieux attirés et connivents dans la prohibition et l’interdiction.
Avides de musique du diable, et intégrant le jazz comme un état d’esprit propre au Milieu, ils acquièrent ou font main basse sur les radios, les boîtes de nuit, le Music-Hall, les casinos, les maisons de disque….
C’est en ces lieux que Cosa Nostra et Kosher Nostra (mafia juive) voient leurs histoires parallèles se côtoyer, s’enchevêtrer, se liquider…
Les grandes figures du Milieu, comme Meyer Lansky, l’emblême juive de la Jewish Connection américaine, et dont le film « Le Parrain » s’inspire de sa vie, Jakob Shapiro, Arnold Rothstein (The Brain), Benjamin Siegel (Bugsy) (dont l’histoire a fait elle aussi l’objet d’un film), Dutch Schultz, ou Louis Buchalter (Lepke)…sont les dignes héritiers de cette tradition vieille à leur époque de presque 150 ans.
Récemment une compilation d’anthologie « Jewish Gangsters Greatest Hits montée par le Musée Juif de Vienne et Dj Pop Shantel a rendu hommage à cette époque noire et éclairée à fois. Dans cette compil, vous pourrez y écouter des jazzmen aussi célèbres que les Barry Sisters, Sophie Tucker, Connie Francis…
Dans le prochain article sur la Kosher Nostra