[avatar user= »yaaahhh » size= »thumbnail » align= »left » link= »https://rootsisrael.com/auteur/yoram/ » target= »_blank »]YORAM SALAMON[/avatar]
Chapeau…
Franchement chapeau les gars. Vous venez de faire rêver toute la France avec un Tel-Aviv-sur-Seine dont à la base presque tout le monde se foutait. J’ai bien dit presque…
Je suis persuadé que les dirigeants de TF1, maîtres du temps de cerveau disponible, doivent se mordre les doigts de n’avoir pas acheté les droits de retransmission de l’évènement.
C’est con, on vient de frôler le syndrome JE SUIS TEL AVIV SUR SEINE
Respect.
Je sais pas qui a travaillé sur la com du projet, mais je m’agenouille devant son savoir-faire.
C’est brillant. Etre capable de sortir de sa torpeur estivale, le parisien qui n’était pas parti en vacances et qui déprimait là devant son ordinateur au boulot, par un concept d’émission aussi frais, dynamique, novateur…Ouwahhh comme on dit chez moi.
En 2014, le block-buster « Israël/Hamas » avait déjà cartonné sur tous les écrans. Aucun conflit dans le monde n’avait fait autant d’entrées sur Twitter et Facebook, et autant fait parler de lui dans les médias, et là en 2015, une nouvelle équipe de scénaristes fait quasi aussi bien avec le n°2…
Vous me trouvez cynique n’est ce pas ?
Vous avez raison.
J’me moque. Je me moque, tellement tout ça est mauvais.
Moi ça me fout le bourdon de voir comment un évènement local et bon enfant a réussi en quelque jours à devenir un terrain d’affrontement médiatique international.
Soyons honnêtes 2 minutes.
La Seine en vrai, ça n’a jamais fait rêver personne, à part les romantiques et les touristes japs.
Et là pour une fois que des gars avaient eu l’idée brillante d’apporter un peu de Tayelet sur les quais gris de Paris, on avait presqu’envie d’oublier un quart de seconde, les égouts, l’eau sale, la vase, les carcasses de voiture, Jacques Chirac …et de profiter d’un p’tit rayon de soleil pour faire s’évader le parisien qui n’avait jamais foutu un pied à Tel-Aviv.
Le rêve quoi.
Ca y ‘est on la tenait l’exception culturelle israélienne. On la gagnait la coupe du monde des « sur-Seine », et la Grèce, le Brésil et la Polynésie qui avaient concouru les années précédentes, pouvaient aller se rhabiller, parce que franchement quoi de mieux pour comprendre toute la beauté de Tel Aviv que de s’enfiler un bon gros falafel sauce tehina, sur un transat au bord de l’eau tout en se dorant la pilule.
Imagine le parigot, abreuvé en continu d’images sur Israël : la guerre, l’apartheid, les attentats …et soudain sa rencontre avec le mythique falafel israélien et autres spécialités du cru. Le choc. L’hydrocution culinaire.
- « Attends mais c’est super bon ces falafels. C’est de la balle. »
- « Et puis cette sauce là c’est quoi. De la quoi ? Tehina ? C’est un truc de dingue. Mais attends moi je croyais que chez vous on passait son temps à bouffer du palestinien au petit-déjeuner…mais pas cette folie. Non mais les gars vous chariez là. Pourquoi vous êtes pas venus plus tôt . »
- « Et ça c’est quoi ? Du ralva. Ah Halva. Oh bonne mère. C’est quoi cette tuerie ?
Attends mais je veux en remanger. Où on en trouve ici ? Quoi ? Faut que je vienne chez vous ? Mais t’es fou, j’ai pas envie de mourir. A bon j’vais pas mourir ? Ben d’accord, d’où c’est qu’on réserve son ticket ? »
- « Et c’est quoi les gars là devant nous en train de s’agiter avec les panneaux Boycott Israël ? Sont de chez vous ? Non ? Ben dis leur venir manger un bout. Sont en train de me couper l’appétit à gigoter comme ça. Ils veulent quoi d’abord ? »
- » Que tu vires la tehina de ton falafel parce qu’elle est fabriquée en Israël, et qu’ils disent que les israéliens ils fo… »
- » Virer la trina ??? mais ils ont sauté . Vas-y on s’en fout. Laisse les parler. Y’t reste un bout de pita ?
Mais c’est pas comme ça que ça s’est passé.
Au lieu de surfer sur les bonnes vagues que la plage de Tel Aviv venait se faire échouer sur les quais de la Seine, la seule vague qu’on ait vraiment pu voir, faisait plus de 10000 Tweets de haut et au moins plusieurs kilomètres de hashtags.
Sous les pavés, la plage ? Mon cul oui…Sous la plage les pavés plutôt
Tel Aviv sur Seine Scène restera gravée dans les mémoires …. malheureusement pas pour son côté festif, mais parce qu’elle aura été la plus grosse masturbation 2015 de gars venus se montrer qui avait le plus gros oiseau Twitter.
Une analyse brillante de Nicolas Banderbiest, publiée dans Rue89, 24 heures avant le jour J, montre à quel point l’événement de départ a été écrasé par des dizaines de milliers de discussions virtuelles agitant l’étendard de leur combat idéologique. (http://rue89.nouvelobs.com/2015/08/11/telavivsurseine-dun-tweet-a-bfmtv-lastroturfing-mode-demploi-260700).
Il démontre à quel point les mouvements de boycott de l’évènement, à la base très faible dans leur résonance, ont réussi à manipuler le camp des « pros-évènement » en les trollant pour faire passer leur propre message. Le journaliste appelle ça » le « paradoxe réactionnel » : le fait de réagir négativement à un message qui ne plaît pas, et ce alors même que cette réaction entraîne une visibilité à celui-ci. »
Et de continuer : » De la même façon, les médias répercutent une affaire qui n’existe que par les gesticulations verbales de certains militants, entraînant toute une série de récupérations et réactions politiques qui seront également relayées par la presse, et ainsi de suite… »
Allez, on peut le dire à présent.On a merdé là quand même ? Ben si on a merdé, et plutôt 2 fois qu’une.
On peut essayer de trouver des responsables, Anne Hidalgo, ses interlocuteurs israéliens, les organisateurs de la manifestation, le BDS, les médias…ouais on peut.
Mais les seuls vrais responsables de cette mise en Seine, se sont nous, toi, moi.
Nous sommes les produits d’une communauté tellement meurtrie que chaque aboiement nous est devenu insoutenable à supporter, et nous rend réactifs à l’extrême.
Les pages lancées par le BDS ou par les opposants pro-palestiniens pour contrer l’évènement ne rassemblent aujourd’hui encore, qu’à peine quelques centaines de sympathisants. En comparaison du bruit généré, ça en est presque comique. Mais nous, en fait au lieu de laisser les quelques agités s’agiter sur leur propre nombril, on a fait exactement le contraire. On a joué leur jeu, et on les a aidés à faire gonfler leur propre polémique.
On s’est justifié alors qu’on aurait du juste leur faire un grand sourire (et éventuellement un doigt d’honneur…mais un seul alors…bon d’accord deux)
La stratégie des compères BDS et autres qui ne représentent qu’on le veuille ou non, non pas une majorité idéologique et politique en France, mais bien une peau de chagrin, est d’étendre avec leurs faibles moyens leur combat sur la scène médiatique. Opération réussie à 1000 % dans le cas d’espèce.
Un proverbe dit « Quand la caravane passe, les chiens aboient ».
Arrêtons de leur donner à bouffer, et tu verras que la prochaine fois qu’on organisera un Jérusalem-sur-Seine, les 2 glandus qui viendront avec leurs panneaux pour s’émoustiller de la tenue de cet évènement intolérable, vont se retrouver tellement seuls qu’ils poseront leur panneau, enfileront leur maillot de bain, et iront peut-être même oser se jeter un petit falafel sauce tehina…en toute discrétion bien sûr.