Chers amis, la plupart d’entre nous ont vécu dans des communautés juives importantes, où le sentiment d’être une minorité ne se faisait pas sentir de façon excessive. Bon certes ce n’est pas comme quand on sort dans la rue en Israël, mais bon… Ce n’est pas si mal !

Il ne faut pas ceci dit, que nous oublions ces communautés qui elles, se battent pour exister, et dont la pratique du judaïsme, par les conditions politiques, démographiques, économiques, est rendue difficile, voir impossible.

Il existe une de ces communautés dans une belle île des Caraïbes à l’histoire trouble. Juif et cubain, étrange mélange non ? Ça donne quoi ? Des Fidel Castro à kippa (il n’empêche qu’avec la barbe, ça passerait super bien) ? Des Che Guevara (oui il était argentin, mais bon il s’est fait connaître à Cuba !) en talit ?

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Bon d’abord, il faut vous raconter comment des juifs ont bien pu se retrouver là-bas de l’autre côté de l’Atlantique ! Et bien tout à commencé un 27 octobre 1492, quand Christophe Colomb a découvert l’île de Cuba. Parmi son équipage se trouvait un juif qui répondait au nom de Luis de Torres (au risque de donner raison à nos détracteurs, on peut dire que vraiment nous sommes partout) !

Alors que l’Inquisition bat son plein et que les juifs viennent d’être expulsés d’Espagne, beaucoup espèrent trouver un nouvel endroit où vivre en paix (n’est-ce pas là notre seul rêve ?). Malgré les persécutions, ce qui est un euphémisme pour dire que de temps à autres les autorités locales s’amusaient à exécuter un juif en place publique à la Havane, Cuba est resté un endroit relativement sûr pour les juifs. Imaginez-vous haverim, que la seule femme Gouverneur de Cuba était juive ! Une certaine Doña Isabel de Bobadilla.

Mais la véritable envolée de la Communauté Juive de Cuba a eu lieu après la Guerre Hispano-Américaine de 1898, aussi appelée Guerre d’Indépendance, mais au vu de l’emprise des USA sur l’île qui a suivi, on va éviter de parler d’indépendance.

Beaucoup de juifs de Floride se sont installés comme commerçants sur l’île, pour finalement fonder la « United Hebrew Congregation », une synagogue réformée, en 1904.

Durant les années ayant précédées la Première Guerre Mondiale, beaucoup de juifs mizrahim sont arrivés à Cuba, avec l’ambition d’y faire une réussite commerciale. Ils furent suivis à partir de 1920, par les Ashkénazes (on imagine le choc des cultures quand ceux-ci ont découvert le « Cuba Libre », et qu’ils ont fait goûter aux locaux, le Gefiltefish). L’ambition de ces-derniers était de partir ensuite pour les USA, mais ceux-ci n’étant franchement plus trop disposés à accueillir des immigrants, ils se sont retrouvés coincés sur l’île.

L’immigration juive à Cuba a duré jusqu’à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, quand sous pression américaine, les 963 passagers juifs allemands du paquebot Saint-Louis, se virent refuser l’entrée à Cuba, alors qu’ils avaient reçu des visas de l’ambassade Cubaine en Allemagne. Leur drame ( mis à part ceux qui ont réussi à être accueilli par la Grande-Bretagne, la plupart n’a pas réussi à échapper à la Shoah), à fait l’objet d’un très beau film que je vous conseille : Le Voyage des Damnés.

À la veille du triomphe de la « Revolución » et de la prise du pouvoir par Fidel, les juifs étaient 15000 sur l’île. Enfin ils étaient sans doute plus, mais chose intéressante, les mariages entre ashkés et sefs étaient considérés comme des mariages mixes ! La raison ? Honnêtement je ne la connais pas, je suppose qu’il s’agissait avant tout d’un désaccord culinaire, mais encore, il ne s’agit là que d’une hypothèse…

Toujours est-il qu’une fois que les barbudos ont pris le pouvoir, la plupart des juifs cubains sont partis pour Miami. Enfin ce n’est pas comme si tous étaient opposés à la Revolución ! Un des fondateurs du Parti Communiste dans les années 20, Fabio Grobart, est devenu dans les années 60 le doyen du parti unique, et il se faisait appelait « El Polaquito » par ce bon vieux Fidel ! Malgré tout, le dogme de l’Athéisme Scientifique, qui prévalait jusqu’à la légère libéralisation du régime en 1992, a failli tuer la communauté.

Alors, lorsque l’État est simplement devenu laïque, il y a eu une véritable renaissance de la communauté juive. Les synagogues, qui avaient du mal à réunir un minyan de moins de 60 ans, ont vu des jeunes à nouveaux dans leurs rangs. Et même si il n’y a plus que 1500 juifs aujourd’hui, la communauté vit encore, et si vous vous rendez un jour dans une des synagogues de la Havane, vous y entendrez des prières juives chantées à l’aide d’une guitare, comme si Buena Vista Social Club avait chanté Ein Keloheinu à la façon de « Chan Chan » !

Mais je vous conseille d’y aller vite, car si il n’existe plus de liens diplomatiques entre Cuba et Israël depuis la Guerre de Kippour, de plus en plus nombreux sont les jeunes à aller tenter leur chance en Israël en faisant l’alyah, pour des raisons à la fois spirituelles, et économiques…

En tout cas, l’histoire des juifs de Cuba reflète les passions du siècle passé, entre impérialisme américain et utopie révolutionnaire, et comment, malgré tout, avec simplement leurs traditions millénaires, les juifs cubains ont survécu aux tourments qu’ils ont traversés.

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